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Comme une rivière bleue, Michèle Audin

Ecrit par Stéphane Bret 29.08.17 dans La Une Livres, La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, Histoire, Roman, Gallimard

Comme une rivière bleue, août 2017, 391 pages, 20 €

Ecrivain(s): Michèle Audin Edition: Gallimard

Comme une rivière bleue, Michèle Audin

 

Peu de romans ou d’essais historiques sont consacrés à la Commune de Paris. Est-ce dû à la brièveté de l’événement ? À son caractère d’utopie révolutionnaire inenvisageable ? Probablement un peu de tout cela. Michèle Audin, dans son récit Comme une rivière bleue, évoque cette période, non pas du point de vue global de l’histoire, mais de celui des Communards de base, ceux des quartiers en pleine ébullition, des faubourgs populaires, de ceux qui tiennent des réunions enflammées par la passion de transformer le monde.

Michèle Audin ne manque pas de décrire avec fougue et conviction ce qu’éprouvent à titre privé et dans leur for intérieur les Communards, comment ils s’aiment, se querellent, se retrouvent. Le récit s’articule en descriptions successives des quartiers parisiens juste après la proclamation de la Commune en mars 1871. On arpente ainsi la place de Grève, le onzième arrondissement, le Faubourg Saint-Antoine, le quai Conti. Mais c’est la prise du journal Officiel qui est présentée comme l’une des premières décisions de la Commune, c’est l’occasion d’y présenter les personnages que l’on retrouvera à travers le récit : Emilie Lebeau, Pierre Vésinier, Florris Piraux, Paul Vapereau, Charles Longuet. On y croise bien sûr les grandes figures de la Commune, Jules Vallès qui s’écrie :

« Quelle journée ! Ce soleil tiède et clair qui dore la gueule des canons, cette odeur de bouquets, le frisson des drapeaux ! le murmure de cette révolution qui passe tranquille et belle comme une rivière bleue… ».

Mais que se passe-t-il de décisif ? Michèle Audin nous le rappelle en évoquant les décisions de la Commune, celle d’Edouard Vaillant proposant une paie identique aux instituteurs et institutrices, ou la création d’une autogestion au travail, la suppression des amendes frappant les ouvriers : « Il faut signaler aussi, le 3 mai, le projet de règlement très autogestionnaire soumis à l’approbation de la Commune par cinq cents ouvriers des ateliers de réparation et transformation d’armes du Louvre ».

Le récit de Michèle Audin s’attache aussi à la vie quotidienne dans les quartiers, aux bals organisés, à l’évocation de la joie qui éclate, des sentiments qui débordent d’intensité : « Cette nuit-là… Les soucis, le manque de pain, ça bouffait le désir et la joie. L’espoir né des dix derniers jours, dont la fête a révélé l’ampleur (…) Embrasse-moi, camarade ! Aime-moi camarade ! (…) C’est une grande soif de bonheur, c’est la joie de ce bonheur enfin trouvé, Et Paris s’endort dans ces souffles haletants ».

Autre point historique souligné par Michèle Audin : le rôle joué par les Francs-maçons lors de la Commune de Paris et déjà illustré dans Les chemins de la fraternité de Jean-François Nahmias, roman historique consacré également à cet événement. Beau texte, qui nous introduit dans les cœurs et les âmes des Communards, comme pour réhabiliter – mais en a-t-elle vraiment besoin ? – l’utopie, cette vielle lubie humaine. La mort de la Commune est décrite à la fin du roman : exécutions massives, évasions de certains, déportations en Nouvelle-Calédonie, à l’instar de Louise Michel. Concluons avec le bel hommage de Ferrat, en 1971 :

« Devenus des soldats

Aux consciences civiles

C’étaient des fédérés

Qui plantaient un drapeau

Disputant l’avenir

Aux pavés de la ville

C’étaient des forgerons

Devenus des héros »

 

Stéphane Bret

 


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A propos de l'écrivain

Michèle Audin

 

Michèle Audin est une mathématicienne française, professeur à l'Institut de recherche mathématique avancée (IRMA) de Strasbourg, qui travaille notamment dans le domaine de la géométrie symplectique. Née en 1954, elle est ancienne élève de l'École normale supérieure (Sèvres), et a été cooptée à l'Oulipo en 2009.

Elle est la fille du mathématicien Maurice Audin, mort, vraisemblablement sous la torture, en 1957 en Algérie, après avoir été arrêté par les parachutistes du général Massu. Le 1er janvier 2009, elle a refusé la Légion d'honneur, en raison du refus du président de la République, Nicolas Sarkozy, de répondre à une lettre de sa mère à propos de la disparition de son père.

 

A propos du rédacteur

Stéphane Bret

 

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63 ans, réside actuellement à Boulogne-Billancourt, et s’intéresse de longue date à beaucoup  de domaines de la vie culturelle, dont bien sûr la littérature.

Auteurs favoris : Virginia Woolf, Thomas Mann, Joseph Conrad, William Faulkner, Aragon, Drieu La Rochelle, et bien d’autres impossibles à mentionner intégralement.

Centres d’intérêt : Littérature, cinéma, théâtre, expositions (peintures, photographies), voyages.

Orientations : la réhabilitation du rôle du savoir comme vecteur d’émancipation, de la culture vraiment générale pour l’exercice du libre arbitre, la perpétuation de l’esprit critique comme source de liberté authentique."

 

REFERENCES EDITORIALES :

Quatre livres publiés :

POUR DES MILLIONS DE VOIX -EDITIONS MON PETIT EDITEUR 
LE VIADUC DE LA VIOLENCE -EDITIONS EDILIVRE A PARIS
AMERE MATURITE -EDITIONS DEDICACES 
L'EMBELLIE - EDITIONS EDILIVRE A PARIS