Identification

Cette semaine

La Ligne, Aharon Appelfeld (par Anne Morin)

Ecrit par Anne Morin , le Mardi, 01 Avril 2025. , dans Cette semaine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, L'Olivier (Seuil), En Vitrine, Israël

La Ligne, Aharon Appelfeld, Editions de L’Olivier, mars 2025, trad. hébreu, Valérie Zenatti, 172 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): Aharon Appelfeld Edition: L'Olivier (Seuil)

 

Erwin Ervin, c’est le prénom du personnage principal du livre, et le vrai prénom de l’auteur.

A bord de trains improbables, Erwin emprunte année après année le même circuit.

Quel est son métier, son emploi, sa quête ? Qui sont ses « associés », ses « collaborateurs » qui sont avec lui de loin ? Qui sont ses « concurrents » ? Quelles affaires se trament tout au long de ce parcours, toujours le même, qu’il refait, partant toujours le même jour de l’année ?

Des gares où presque tout a commencé : « C’est dans cette gare reculée que les Allemands nous ont conduits et abandonnés. (…) Mon étrange vie a commencé ce matin-là, et il me semble parfois que tout est figé dans ce matin. La mort comme la résurrection y sont ternes. Personne n’avait exprimé de joie. Tout le monde était pétrifié » (p.16).

L’Amant de Lady Chatterley et autres romans, D.H. Lawrence, Bibliothèque de la Pléiade (par Luc-André Sagne)

Ecrit par Luc-André Sagne , le Mardi, 25 Mars 2025. , dans Cette semaine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, En Vitrine, La Pléiade Gallimard

L’Amant de Lady Chatterley et autres romans, D.H. Lawrence, Bibliothèque de la Pléiade, Éditions Gallimard, 2024, 1281 pages, 76 € . Ecrivain(s): D. H. Lawrence Edition: La Pléiade Gallimard

 

David Herbert Lawrence (1885-1930) fait partie de ces écrivains dont un seul titre masque l’ensemble de l’œuvre. En l’occurrence, L’Amant de Lady Chatterley, sa célébrité de scandale, sa condamnation, les polémiques et les malentendus émis à son sujet ont entravé non seulement la bonne lecture du roman, qui ne sera disponible intégralement que trente ans après sa première publication en 1928, mais aussi la connaissance du reste des écrits de Lawrence, qui est considérable. Poèmes, romans, récits, essais, articles, correspondance, c’est en vérité au « continent Lawrence » que l’on a affaire et que la « Cambridge Edition » lancée en 1980 a peu à peu révélé au prix d’un travail titanesque (40 volumes en 2018).

L’entrée aujourd’hui de Lawrence dans la Bibliothèque de la Pléiade, aux éditions Gallimard, avec tout l’appareil critique qui lui est propre, après celle de James Joyce et de Virginia Woolf, ses contemporains, donne ainsi l’occasion pour le public français de le lire vraiment et peut-être, finalement, de le découvrir ou redécouvrir.

Dans les rêves, Delmore Schwartz (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 20 Mars 2025. , dans Cette semaine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Poésie, Rivages

Dans les rêves, Delmore Schwartz, Rivages, octobre 2024, trad. anglais (USA), Daniel Bismuth, Préface Lou Reed, Postface Thierry Clermont, 432 pages, 10 € Edition: Rivages

 

Séries métropolitaines du « poète des poètes »

Dans les rêves est un recueil de plusieurs nouvelles du grand poète et romancier Delmore Schwartz, né à Brooklyn en 1913 dans une famille juive originaire de Roumanie et relativement aisée. En 1959, il est le plus jeune auteur américain à se voir décerner le Bollingen Prize. Au début des années 1960, Schwartz sombre dans l’alcoolisme et une forme aggravée de dépression, vivant reclus dans un hôtel à Manhattan où il décède en 1966.

Ses récits, sous la forme d’instantanés parfois cruels, sont sûrement en grande partie autobiographiques. Les évocations du passé de Delmore Schwartz se déroulent, se brisent puis reviennent pareilles aux « vagues [qui] prennent leur élan de loin et se dressent lentement ». Il s’agit principalement de recréer des liens filiaux, sociaux, d’amitié « dans l’immense aliénation de la vie métropolitaine ».

Portrait de l’artiste en jeune chien (Portrait of the Artist as a Young Dog, 1947), Dylan Thomas (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 19 Mars 2025. , dans Cette semaine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Points, En Vitrine

Portrait de l’artiste en jeune chien (Portrait of the Artist as a Young Dog, 1947), Dylan Thomas, Points Signatures, 2013, trad. anglais, Francis Dufau-Labeyrie, 220 pages, 8,40 € Edition: Points

 

Le titre annonce la couleur : en 1916, James Joyce publiait A Portrait of the Artist as a Young Man (Portrait de l’artiste en jeune homme), roman autobiographique. En 1940, Dylan Thomas lui emboîte le pas, mais à sa façon. Comme son aîné irlandais, le jeune chien gallois entreprend ici un récit autobiographique de ses jeunes années, mais il le fait sous la forme rare d’un recueil de nouvelles, épisodes de sa jeunesse. Hommage au maître de Dublin et pied-de-nez à ses panégyristes patentés.

Chaque nouvelle raconte un moment bref de la jeunesse de l’auteur. On est loin du flux de conscience joycien : ici, la narration est extérieure, Thomas – parfois narrateur parfois acteur – reste toujours dans un regard de témoin des épisodes de sa jeune vie. Et chaque épisode est une source vive, un moment d’arrêt sur les personnages, les faits, les émotions, les folies qui, plus tard, nourriront les poèmes brûlants du barde gallois.

Personne ne quitte Palo Alto, Yaniv Iczkovits (par Anne Morin)

Ecrit par Anne Morin , le Mardi, 18 Mars 2025. , dans Cette semaine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallimard, En Vitrine, Israël

Personne ne quitte Palo Alto, Yaniv Iczkovits, Gallimard, Coll. Du monde entier, mars 2025, trad. hébreu, Laurence Sendrowicz, 491 pages, 25 € Edition: Gallimard

 

Une histoire d’amour et de haine, une histoire étendue sur trente ans, sur ce qui a été fait, ce qu’il aurait fallu faire/ne pas faire, ce qu’il reste à faire, une histoire de temps écoulé, éculé.

Le titre de chacun des quatre chapitres au fil tenu par le temps ne révèle rien de leur substance.

On se retrouve au cœur d’une scène d’épouvante et de farce, une sorte de bizutage au cœur d’un laboratoire d’anatomie : d’où viennent les deux cadavres en trop ? Iris, policière en instance de divorce dont on évalue les capacités parentales, est envoyée sur les lieux.

Dix ans plus tard, un personnage à peine esquissé précédemment est identifié au sein de cette même salle de dissection et s’éclipse au moment d’ouvrir le thorax d’un des cadavres. C’est, en effet, une histoire de cœur : Idan a reconnu à ses mains Tobayas, un poète arabe vivant dans une maison ouverte, dans un ancien quartier misérable de Haïfa, qui l’avait abrité et dont lui-même disait qu’il n’avait pas de cœur.-