28 boulevard des capucines, David McNeil
28 boulevard des capucines, mai 2012, 172 pages, 16,90 €
Ecrivain(s): David McNeil Edition: GallimardDe certaines mélodies, on dit qu’elles retiennent l’attention dès les premières notes, et qu’elles s’inscrivent de façon durable dans nos têtes. C’est ce qui s’est produit pour les chansons écrites par David Mac Neil, souvent chantées d’ailleurs par d’autres que lui. Ce qui est vrai pour sa musique l’est aussi pour sa littérature. Pas d’artifices, pas de fioritures, seulement des phrases d’une réelle simplicité qui enchantent quand elles racontent, décrivent ou expliquent.
De quoi s’agit-il ? David Mac Neil, fils de Chagall, musicien depuis plus de quarante ans, a écrit de nombreuses chansons pour des personnalités du « showbiz » aussi diverses que Montand, Renaud, Souchon, Voulzy et bien d’autres. Poursuivant un vieux rêve, il décide d’organiser un concert au cours duquel il chanterait ses textes, entouré de ceux qui les ont chantés auparavant. Et ce concert aura lieu à l’Olympia, dans la salle mythique, la vraie, avant qu’elle ne soit reconstruite quelque cent mètres plus loin. La date est fixée au 27 janvier 1997.
L’évocation de ce concert est l’occasion pour David Mac Neil de retrouver des anecdotes parfois mélancoliques parfois plus truculentes, qu’il s’agisse de Montand pour qui il composa un album presque par hasard, de Julien Clerc pour qui il écrira Mélissa, sans oublier « Charlie Wood » autrement dit Charlebois avec qui il préparera cet Olympia.
Outre le plaisir de voir apparaître des Gainsbourg ou encore Bill Wyman, ex-bassiste des Stones qui était l’ami de Chagall, l’écriture de David Mac Neil est au service de ce moment de musique exceptionnel conçu comme un plaisir intense puisqu’il réunit des artistes qui ont su nous prouver que la chanson n’est pas un art mineur. Toutes les rencontres qui ont abouti à une collaboration étroite avec ces grands de la chanson française que sont Montand, Julien Clerc, Renaud, et d’autres, sont évoquées avec légèreté, tact et élégance, comme une douce mélodie qui s’enracine dans notre mémoire. C’est finalement ce qu’on retient de ce petit livre ; le plaisir et l’émotion, quand le père est présent, quand bien même il fut distant ou, quand au détour d’une ruelle à Venise, l’auteur tombe sans le reconnaître sur un certain Hugo Pratt…
David Mac Neil sait à merveille écrire ce monde de la chanson, surtout quand il a cette élégance qui le conduit à formuler son admiration à mots feutrés. Après sa collaboration avec Laurent Voulzy, il dira : « Laurent, lui, est un ange tombé tout droit du ciel, toujours à l’écoute, généreux, souriant, je me sens proche de lui, non pas que je sois proche de lui, non pas que je sois à l’écoute, généreux et souriant, mais parce que nous sommes des hommes de toutes les saisons, d’éternels rêveurs ».
Guy Donikian
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