Un tango en bord de mer, Philippe Besson
Un tango en bord de mer, Théâtre, éd. Julliard, septembre 2014, 76 pages, 9 €
Ecrivain(s): Philippe Besson Edition: Julliard
Un huis clos romantique dont la sensualité & la violence du dialogue ouvrent par la parole échangée la scénographie d’un véritable « tango en bord de mer ».
Un tango sur la scène du théâtre, confrontation & joutes verbales, une rencontre ambivalente de deux ex-amants dont l’amour passionné, en partage quelques années auparavant, s’est cristallisé en ressentis amers ou ressentiments / rancœurs ravivés par des retrouvailles imprévues, nostalgie…
Une danse sensuelle & provocante, dont il semble parfois que la tension du dialogue va rompre les amarres de l’oubli, pour chavirer les digues où s’est retranché le désir de continuer de vivre & d’aimer en tentant de refermer les blessures amoureuses.
« Lui », Stéphane, est un écrivain célèbre. La quarantaine passée séduisante. « L’autre », Vincent, est un jeune homme qui cherche encore sa voie, ils se sont follement aimés mais quand ils se retrouvent des années après leur séparation, par hasard, dans le bar déserté d’un grand hôtel en bord de mer, c’est la marée des souvenirs qui remonte, le déchaînement de la passion amoureuse qui refait surface, les vagues à l’âme qui font mal, jusqu’à retenir puis peut-être être emportés par le courant violent dans son intensité et sa densité contenue du dialogue, de la rencontre lorsqu’elle se déchaîne jusqu’au paroxysme.
La force de ce dialogue scénographique réside dans l’inquisition tacite, l’ambivalence des sentiments, l’ambiguïté des émotions exprimées par les deux personnages en quête de l’Autre comme en quête de soi-même.
Il semble au lecteur au fil des pages que le dialogue pourrait exploser les digues de ce qui peut être dit / être entendu dans un échange où l’intime joue sa force & sa fragilité. Comme le tango est gifle & caresse, la conversation de Vincent et de Stéphane frappe où cela fait mal & caresse parfois pour adoucir les angles abrupts qui blessent.
On IMAGine à la lecture la scénographie de ce tango. De ce genre de pièce dramaturgique où l’épure du décor suffirait, avec quelques éléments seulement – un huis clos avec, la beauté & la force des dialogues et la présence puissante des acteurs…
Murielle Compère-DEMarcy
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