Trop de morts au pays des merveilles, Morgan Audic
Trop de morts au pays des merveilles, avril 2016, 368 pages, 22 €
Ecrivain(s): Morgan Audic Edition: Le Rouergue
Pour ce premier roman, Morgan Audic nous propose un vrai roman policier, solidement construit et qui accroche rapidement pour ne nous lâcher qu’à la fin. On ne saurait s’en plaindre ! Son plus, son originalité, c’est la référence que le titre dévoile d’entrée de jeu à l’œuvre de Lewis Carroll qui sera une manière de fil conducteur dans le récit et l’écriture. Porté par cet esprit de jeu, l’auteur fait d’Alice une jeune femme mystérieusement disparue mais dont le reflet ne cesse de hanter son mari, un certain Christian Andersen, avocat et partiellement amnésique… Amnésique sur ce qui s’est passé au moment de la disparition d’Alice mais redoutablement efficace lorsqu’il s’agit de plaider, y compris les dossiers qui paraissent indéfendables.
En parallèle, voilà qu’un tueur en série, le « marionnettiste », pourtant sous les verrous, refait parler de lui car de nouvelles victimes, trop semblables aux siennes, font surface. Alice pourrait bien en être… Il n’en faut pas plus pour que la boxeuse Diane Kellerman renonce à sa préparation de championnat pour replonger dans une enquête où elle n’a pourtant rien à faire, ayant été chassée de la police pour avoir confondu intimes convictions et preuves méthodiques.
Les faux-semblants et les fausses pistes vont rapidement se multiplier, entre ceux qui savent mais ne peuvent dire ni prouver, ceux qui croient, ceux qui dissimulent… les incertitudes iront grandissantes : identifications incertaines, hypothèses contradictoires… Tout cela fait sans doute partie du lot ordinaire des enquêtes criminelles (celles dans le cinéma et la littérature en tout cas), mais là les choses sont quand même sérieusement embrouillées.
Le style de l’écriture comme la construction de l’énigme évoque les meilleures séries policières de nos écrans familiers, privilégiant la construction et le scénario autour de quelques personnages principaux. Nous sommes plus dans la veine des policiers classiques, avec énigme à résoudre, même si cela se révélera au bout du compte aussi tordu et alambiqué qu’un scénario d’espionnage, et non dans celle du polar où l’essentiel est le « décor » social et politique.
Selon la lecture que l’on en fera, on pourra rester réservé par un peu trop de « classicisme ». On pourra aussi se laisser emporter et convaincre par une solide intrigue autour d’un personnage d’ex-fliquette auquel on croit et à laquelle on s’attache même. Un excellent moment de lecture.
C’est avec curiosité que nous guetterons le prochain roman de Morgan Audic.
Marc Ossorguine
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