Trois poèmes de Clément G. Second
En axe un peu déjeté, le chien à son allure
va pourtant droit et le suit son maître, qui
des deux s’oriente sur l’autre ?
Partage d’inflexions
Harmonie de cadences
et saccades parfois, lorsqu’
un brin d’herbe a chatouillé d’une autre odeur, ou
que le nuage à ses courbes
esquisse un peu de féminin
Clocher une seconde ou deux et l’on
reprend le cours, six pattes ou autant de pieds
trotti trotta balin balan tambourinant sur
le legs gourd, la pâte endormie d’un seul œil
des âges où dansaient les étoiles.
Luisant sourdement de se consumer,
l’œil du vieil homme calme
a tout pour qu’on le manque
fondu dans le paysage gris-bleu
Sur le trottoir pentu il prend son temps,
l’ayant donné à grands tours de soleil,
à longueur de vie
Quand on le croise il salue et sourit
de fine finesse et puis
l’envie de le revoir
volète dans d’après-flashs accrochés aux paupières.
Souvent jusqu’à la ferme isolée survivante
accrochée au coteau des arrêts puis retours
que la placidité masticatoire du troupeau
de vaches même pas déçues dans le pré sec
fait ressortir à contre-bleu quand on y monte
Le chien connaît si bien les pauses envisageables
qu’à l’approche il coule un regard oblique
et celui de là-bas, grandi entre portail et meules
sabre de la queue en humant, sa réponse à l’appel
Un ciel d’entrevision d’autres grandeurs qu’un ciel
plane sereinement, médite aussi sans doute
On le devine aux quelques nuages fous
qu’il laisse lui chiper le soleil au passage
sans un agacement pour les chasser.
Clément G. Second
in Encres de songerie, à paraître aux Éditions Unicité vers le printemps 2018
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