Trois poèmes d’Encres de songerie*, par Clément G. Second
Promenade d’un jour, pensée-regard en va-et-vient
en compagnie de pans et morceaux du réel
Déplacer la pause,
glisser le mouvement,
confirmer le vagabondage,
des murs maillés de lierre
aux rues arborescentes,
champs vagues aux sentes brouillées
et ce qui en reste sous les semelles
Le réseau de la ville respire,
témoin cette rumeur
affublant le silence
La solitude à claires-voies capte, élargit
des scènes fugaces aux lignes confirmées,
comme le pas hasarde son aire,
par avancées libres la justifie.
Leur tissu se détendra et, lâche,
se ralliera au temps qui perpétue
l’égalité des choses dans l’absence
Se détendra, se renoncera dans un tout
affranchi de l’encre, du partage
Se décomposera, du pêle-mêle
à l’assentiment
de la boue
Plus tard, on ne sait quand, peut-être
une main sans vouloir trouvera-t-elle
quelque page exemptée d’amnésie
Et ce poème-là, à lui seul
rachètera
mieux que la perte :
la perdition entérinée des autres.
Du fauteuil par la porte vitrée de la véranda,
et de là au travers de sa verrière,
paysage subdivisé
L’unité, on ne sait, peut-être effacée
pour que voir ne soit pas dilution
Seize carreaux,
chacun son encadrement
La limite entraîne au précis, presque à l’infime
puis la vue passe aux autres
facettes juxtaposées
que deux lièvres surpris de proche en proche,
joueurs, oreilles diagonales
– portées en fusil à l’épaule –
ramènent au flux continuel des herbes, des nuages,
des arbres cerfs-volants, des êtres imprévus,
à l’harmonie que contempler balin-balan rejoint,
invisible éployée, souveraine qui vogue.
Clément G. Second
* Encres de songerie : recueil à paraître en septembre 2018 aux Éditions Unicité
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