Trois autres poèmes d’Encres de songerie (Editions Unicité, 2018) (par Clément G. Second)
Un chat, qu’attendre à vue ténue rapproche,
se coule ici et là, fondu dans sa demi-présence
Aux doigts du matin qui s’étire, il allume
sa fourrure grisée de lueurs d’avant-jour
La main en l’atteignant le perd, quand elle croit
trouver le vide se surprend
à longer, effleurer son charme qui s’esquive
– on ne sait où, peut-être au plus près
de la crainte obstinée, endurcie,
ancienne d’être seul sous le voussé du temps –,
son charme dissipateur de trop de certitude.
Ce lit embarque assez de nuit pour qu’en échange
la veille d’un dormeur manqué bordant ses os
le retienne au roulis pensif qui le décentre
La haute plaine suit son cours
sur le granit crépu de chiendent où se récapitulent
à leur façon malingre et rêche
des feux de sang taris
De lointains renfoncés la trombe des voitures,
comme par attention,
chuinte seulement entre vitre et rideaux
La voûte du plafond garantit de lueurs
dont s’aiguillonnerait
l’élan intempestif de qui comme un beau soir
se tourne vers ses dedans peut-être tiquetés d’une aube
que hâterait déjà le ciel aux saillies lentes.
Ne pas sortir, le temps de la maison
serre de sa main lente et les fenêtres,
la vue les évasera
Pensée aux bottes de sept cieux, voyageuse
erratique estompant les avions
Une rafale parfois secoue
la porte d’entrée,
érafle le désir
de rejoindre les arbres
chaloupant de la cime,
sol jonché de brindilles
dans le parfum restant de fleurs tenues
à la fidélité des tiges,
désir de se lever quand le moment se bande,
d’aller
sur deux jambes en A sans la barre, élastiques.
Clément G. Second
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