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Se souvenir des jours de fête, Christian Signol

Ecrit par Philippe Leuckx 27.06.16 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Albin Michel, Roman

Se souvenir des jours de fête, avril 2016, 368 pages, 21,50 €

Ecrivain(s): Christian Signol Edition: Albin Michel

Se souvenir des jours de fête, Christian Signol

 

Avec Se souvenir des jours de fête, Christian Signol signe un vrai roman populaire, accessible et soigné, et un vrai roman historique. L’auteur de sagas et de romans plus intimistes maîtrise les histoires, et quand il s’agit de narrer celle qui a pour matière le conflit 39/45 autour de personnages simples, ordinaires, ballottés par les événements dramatiques, le romancier trouve d’emblée le ton juste.

Quand Etienne se retrouve emporté loin de sa ville de Toulouse et de sa famille, sa mère Marie, sa femme Mélina, son fils Jean, le conflit est au maximum de son intensité : les actes de résistance à l’ennemi allemand se jouent aussi bien dans l’Allemagne ou la Pologne de la déportation qu’à Toulouse, dans les rangs des résistants de tous les jours, clandestins qui tentent par tous les moyens de tromper l’ennemi, de gagner du temps et d’assurer aux leurs une sécurité, que les circonstances rendent souvent improbable.

Le souci documentaire, sans cesse décrit et visualisé au fil du roman, donne suffisamment de chair et de sang à Etienne, à ses amis d’évasion, à sa femme Mélina, lancée, comme en dépit d’elle-même, hors de tout calcul, avec générosité et une naïveté touchante, dans un combat douteux, miné de risques, sans cesse déstabilisé.

Les chapitres, en parfaite alternance, offrent voix à ceux d’ici, aux détenus là-bas, dans la confusion très réaliste de ce que l’on sait, de ce que l’on ignore, avec le doute, l’impatience de savoir, la peur, cousus au corps. Mélina comme Etienne tremblent, s’inquiètent, vivent l’un sans l’autre, dans les nœuds atroces d’une fin de conflit.

On lit le roman en se prenant d’intime affection pour ces personnages vrais, campés psychologiquement, bien ancrés dans les réalités de ce temps de confusion.

D’une plume alerte, sensible, l’auteur traverse ces temps incertains, en évitant avec soin les poncifs faciles du pathos ou de la nostalgie édifiante. Beaucoup de Français(ses) se reconnaîtront dans ces personnages, happés aux jours de fête, par le destin, ces moments qui dévorent les plus « chouettes souvenirs » (Léo Ferré). L’œuvre romanesque, au plus beau sens du terme, allie émotion, véracité historique, et en filigrane des épisodes, une réflexion sur les ravages occasionnés par la Grande Histoire dans la vie quotidienne de gens simples, courageux et pétris d’un idéal de bel aloi – ce qui commence à manquer par nos temps qui courent.

L’on retiendra surtout les périples d’Etienne et de ses frères de détention dans le grand froid des terres du nord, les interrogatoires par la Gestapo, les démarches précautionneuses de Mélina dans sa nouvelle et fragile mission de messagère anonyme, dans une ville surveillée et inquiétante sous l’Occupation.

Un livre à recommander aux passionnés des récits de guerre.

 

Philippe Leuckx

 

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A propos de l'écrivain

Christian Signol

 

Christian Signol, romancier français, est l’auteur d’une quarantaine d’ouvrages, souvent récompensés. Quelques titres : Les Vignes de Sainte Colombe, Ce que vivent les hommes, Bonheurs d’enfance, Les enfants des justes.

 

A propos du rédacteur

Philippe Leuckx

 

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Philippe Leuckx est un écrivain et critique belge né à Havay (Hainaut) le 22 décembre 1955.

 

Rédacteur

Domaines de prédilection : littérature française, italienne, portugaise, japonaise

Genres : romans, poésie, essai

Editeurs : La Table Ronde, Gallimard, Actes sud, Albin Michel, Seuil, Cherche midi, ...