Rock’n’Roll Animals, Grandeur et décadence des rock stars 1955/1994, David Hepworth (par Guy Donikian)
Rock’n’Roll Animals, Grandeur et décadence des rock stars 1955/1994, octobre 2018, trad. Jean-François Caro, 384 pages, 23 €
Ecrivain(s): David Hepworth Edition: Rivages
On attribue généralement l’importation du rock à Michel Legrand qui vient de disparaître, ce musicien extraordinaire dont les mélodies constituent la bande-son de la seconde moitié du vingtième siècle. Cette musique, le rock’n’roll, a engendré très rapidement ses icônes, véritables stars qui auront acquis leur notoriété de façon souvent fulgurante et se seront comportées comme des enfants gâtés aux caprices éhontés, aux attitudes provocantes, au langage peu châtié, autant d’attributs qui devaient en faire des personnages exclus, et qui devinrent des modèles pour une multitude de jeunes qui voyaient là l’occasion d’une revanche sur les frustrations d’un monde coincé dans les diktats d’une société étriquée. Il fallait de véritables horizons aux générations de l’après-guerre, une vision élargie de l’avenir qui s’affranchirait des codes en vigueur, et le rock qui arrivait à point nommé permit l’éclosion de ces « rock stars ».
Ces personnages auront leurs caractéristiques et David Hepworth les décrit comme des individus pleins de leur assurance, arrogants, dotés d’un charisme sexuel, « d’une totale indépendance, d’une confiance absolue, d’une tendance à suivre ses instincts ». Ces rock stars ont habité notre imaginaire, à telle enseigne que les légendes qui ont perduré concernant des comportements hors norme qu’on leur prête passent pour véridiques alors qu’il n’en était rien. « Ainsi Keith Richards ne mangeait pas un Mars entre les jambes de Marianne Faithfull quand la police a fait une descente chez lui ».
La première rock star naît en 1955 à la Nouvelle Orléans. Un certain Little Richard avec son fameux Tutti Frutti, chanson éminemment sexuelle puisqu’elle parlait initialement de sexe anal. Le titre sort en Angleterre en janvier 1957 et sa découverte va influencer un certain Davis Jones qui n’a que neuf ans, un Keith Richards ou encore Bobby Zimmerman dans le Minnesota.
26 septembre 1956, une Lincoln Continental Mark II arrive à Tupelo dans le Mississipi. Elle est conduite par Elvis Presley qui fait ainsi son retour au pays pour afficher une réussite consacrée par son passage récent dans le fameux Ed Sullivan Show. « Ce 26 septembre fut un vrai jour du jugement. Si Little Richard fut la première rock star, Elvis était la première idole du rock. Ce fut le premier à entamer cette étrange odyssée du fond de la classe, jusqu’au centre de tous les regards, d’un garçon aux habits extravagants à une figure que tout le monde cherche à imiter, des moqueries à mi-voix à la dévotion ardente, quasiment en un clin d’œil ». Ses vêtements, sa coupe de cheveux, ses comportements, tout provoquait, tout constituait un message que la musique parachevait. Ainsi devint-il un sex-symbol, une icône, il incarnait à merveille le fantasme qu’il représentait.
L’ouvrage de David Hepworth nous donne l’occasion de rencontrer à nouveau les légendes du rock tant dans les circonstances de leur naissance que dans leur descente aux enfers quand ce fut le cas. De nombreuses anecdotes émaillent le propos, qu’il s’agisse des plus anciennes comme Presley, ou des plus « récentes » comme Jagger et Richards qui virent « Stu » ou de Richard Starkey, qui devint Ringo des Beatles, sans oublier Prince ou Curt Cobain.
David Hepworth est journaliste musical. Il a contribué à la création de nombreux magazines populaires. Il a publié plusieurs ouvrages sur le rock, dont Nothing is real sur les Beatles.
Guy Donikian
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