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Réalité 3 (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres 08.02.23 dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

Réalité 3 (par Didier Ayres)

 

Village

16 années durant

Le souffle de l’ange dans ce simple tambourinement des moteurs d’automobiles

Le monde physiquement dans la rue principale

Des photographies bleutées d’Henri Le Secq

L’horloger

Quelle nuit pour cela ?

Quel oubli tardif et désormais violent ?

Le village peut ne plus exister.

Cette petite ville renferme les dieux.

 

Appartement du 2ème étage

L’odeur de pomme sure

16 années qui équivalent à un quart de ma vie dans son ensemble.

 

Je contiens l’abandon

Même si le village est présent

Même si je suis obligé de changer

Cet empressement survenu

Une évidence à laquelle je me dois d’obéir.

 

Village d’études

13.500 habitants

De bout en bout

Rue du Point-du-Jour

Les mains d’albâtre en bas de l’immeuble

L’abbaye qui sonne comme une abeille

Prise comme un papillon sec

Baignent dans de ténébreux dimanches.

 

Aime l’intensité toi aussi

La vitrine illuminée hier soir

Seuls dans notre abandon

Il ne reste que les nacelles blanches de l’éclairage public

Fracas issus des usines mortes

Dont la lumière provient des ouvriers de l’éclat.

 

Suis-je la mimésis de Didier Ayres ?

Son rêve n’est pas le mien

Sa mort est davantage universelle.

 

Est-ce le quart de la vie de Didier Ayres que soulignent ces chants des cloches de 23h00 ?

Je m’adresse à toi néanmoins

Dans ton cercle et ton abside

Le temps faisant un triangle rectangle dans la sphère qui indique le passé et l’avenir.

 

Je suis certain des 3 récits

Le ciel dans l’atelier

Les colonnes de pierre de l’embrasure

Ville fantôme.

 

Je suis enclin à des inquiétudes immenses tels des hivers

Musique étrange et magnifique

Passant par la ceinture brûlante

Où quelque chose m’envahit.

 

Mes yeux

Tombeaux royaux de la vision

Qui descendent vers l’Atlantide verte

Qui peuvent retenir Didier Ayres

Celui qui garde l’ample été d’aujourd’hui

Avec son vêtement jaune

Sa chasuble de mercure.

 

Vérité visuelle

Vérité organique.

 

Ici des fougères et des véroniques

Le sentier

Thanatos et Éros au sein des pluies.

 

32 variations Goldberg dans la lente présentation de Gould

32 formes qui se dédoublent

32 années avec Y.

 

Mon village est le dernier village

La ville ma dernière ville

Mon destin mon dernier destin

Je crois parfois alors que je ne voudrais pas connaître

Jusqu’à l’explosion

Les constellations du Scorpion et de l’Ourse

Mon amie Bételgeuse

C’est tout.

 

Didier Ayres


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A propos du rédacteur

Didier Ayres

 

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Rédacteur

domaines : littérature française et étrangère

genres : poésie, théâtre, arts

période : XXème, XXIème

 

Didier Ayres est né le 31 octobre 1963 à Paris et est diplômé d'une thèse de troisième cycle sur B. M. Koltès. Il a voyagé dans sa jeunesse dans des pays lointains, où il a commencé d'écrire. Après des années de recherches tant du point de vue moral qu'esthétique, il a trouvé une assiette dans l'activité de poète. Il a publié essentiellement chez Arfuyen.  Il écrit aussi pour le théâtre. L'auteur vit actuellement en Limousin. Il dirige la revue L'Hôte avec sa compagne. Il chronique sur le web magazine La Cause Littéraire.