Ramadan Debout, par Sana Guessous
Pauvre, pauvre Ramadan.
Mois de piété à la tronche piteuse.
Mois de grâce aux grasses bajoues.
Mois béat au cœur béant,
Aux bras ballants, aux boyaux tordus.
Tu t’attendais pas à ça, hein,
À ce truc visqueux qui te pourrit les muqueuses.
À ce mélange boueux qui macère dans tes tripes.
Mélange de Chebakia rance et de pubs d’Ariel.
Tu l’avais pas vue venir, hein,
Cette orgie obscène organisée en ton nom.
Ces rayons qui dégueulent le plastique coloré.
Ces écrans qui dégueulent en haute définition,
Pour occuper les intestins ratatinés.
Ces ventres qui rétrécissent et se dilatent.
Ces cervelles qui rétrécissent et rétrécissent encore.
Et ces bouches avides, aux plis amers,
Qui se ferment pour bâfrer,
Et s’ouvrent pour vomir le fiel.
Pauvre Ramadan,
Tu te laisses bouffer jusqu’à l’os,
De toi, il ne reste déjà plus que des miettes poisseuses,
Des auréoles de soupe aigre sur la nappe du Ftour,
Et des montagnes de vaisselle.
Des festins photogéniques,
Une foi poussive,
Un foie ravagé.
Tu étais censé les alléger, les élever, les libérer de leurs turpitudes,
Et te voilà, te roulant avec eux dans la fange.
Ramadan, je te laisse à tes crédules, à tes flux et reflux gastriques.
Puisses-tu t’en relever un jour.
Sana Guessous
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