Quatre poèmes du Montreur d’ombres par Clément G. Second
Les loups ne chassent plus entre les cils du jour
Secrètement passés où naissent les regards
y flairant des larmes charrieuses de cendre
ils traversent nos mains égarées sur eux
pour tenailler l’aube au risque du ciel
Leurs empreintes sans fond traquent des lointains
après qu’ils ont fini de suspendre à nos cous
leurs crocs de chaux passés au râpeux des peines
Et nous de leur montrer, déçus des biais et des sommes
la grisaille accrue de nos tentatives
– même à l’albinos au jumeau de la neige
sur lequel écrire est un long détour
Là où les sapinaies lèguent des rivières
avant de monter se dissoudre en brume
des frênes arqués bientôt les remplacent
riverains des eaux comme venant d’en naître
passants immobiles d’un après-midi
L’énigme qui nouait la vue se desserre
l’écarte à sa guise une grâce essaimeuse
d’écorces incisées de fauves paupières
rameaux dont la voie perce les épaisseurs
Et le soleil bleu persuade le regard
qui embrasse la fuite évasive des pentes
de ce val ébréché par un autre horizon
Les mots prennent du poids le soir
quand les joueurs pour la veillée les tombent
et que le vent tressaille entre deux airs
de l’avant-nuit tardive à démarrer
qu’aucun éclat de voix ni de rire n’enflamme
Semblables de toujours et inattendus
ils prennent nouveau corps d’une densité mate
Leur non-rebond leste les heures lentes
le long des bâillements des chiens sans besogne
l’œil mi-clos, haletants après les mêmes rêves
où de calmes oiseaux sautillent de l’un à l’autre
jusqu’au petit matin giboyeux d’envolées
Embardée du sommeil Tressaille la mémoire
fidèle répandue dont la voie se ravive
à la vue d’un éclair juché sur la nuit-pente
qu’il éperonne au plus enchevêtré du ciel
pour l’écarter bientôt d’aubes ensevelies
Mémoire qui travaille aux rosaces du gel
qui va désengourdir leurs fontaines fasciées
Souvenir-survenir de matins de rosée
certitude de sève aux fourches des vergers
poignant de leur douceur ceux-là qui toujours aiment
exposer au soleil retenu dans les branches
un peu de la rumeur que rien ne luit jamais
Clément G. Second
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