Poèmes V - VI & VII
-V-
L’hiver se contracte, tapi
dans le ruissellement glacé des muscles
endormis
Foulées atones, marches obscures
autour du feu pelotonné
en chien de fusil
– l’âtre de l’attente veille –
Bientôt,
la conscience printanière
appuiera sur la détente
-VI-
Accoster
sur les rives d’un autre corps
active la bête folle
des départs convoités
Aborder
la rive de ton corps
me fait jeter l’encre
sous la morsure
muette du décor
Ancre récriée
digues sabordées
les crocs du large
mordent, à sang,
l’ossature
des jetées
Quand je te trouve
déjà je t’ai quitté
Si je te quitte
je pars te retrouver
Lyrisme de papier
– n’existant
que de vivre
à tes côtés
-VII-
Je n’aurai plus assez de nuits
à dormir
Déjà je descends la lumière
au pas du vent qui monte
d’Ouest en Est
pour que l’Atlantique
brise
mes digues
et que chavire le point Nord
– indolore –
au point de non retour
où jamais le soleil ne passe
inapte
à blesser sur ces faux de glace
ses tempes sonores
Je n’aurai pas
assez de nuits à dormir
pour que les poumons de mes veilles
remplissent
de leurs chasses sans morts
la besace
palpitante
d’une vie à prendre
à se laisser surprendre
à se laisser souffler n’est pas apprendre
les risques et les traces
du Grand Mécréant Dehors
Je n’aurai plus assez de nuits
à dormir
pour que s’effacent
les blessures les coups de grâce
la vie en surface
Pour que s’effondrent et fondent
les subterfuges les étendues
de glace
Pour que reviennent
Marées montantes sur les plaines
marées montantes sur mes peines
les prairies d’or
MCDEM (Murielle Compère-DEMarcy)
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