Plus la neige tombe sur le divan, Marie-Philippe Deloche, Julie Fuster
Plus la neige tombe sur le divan, Editions Mains-Soleil, 2018, 13 €
Ecrivain(s): Marie-Philippe Deloche, Julie Fuster
Ce qui sépare ouvre à tous les vents.
Il existe dans ce livre à quatre mains les émerveillements de nouveaux paysages par effet de déplacement d’une des correspondantes qui a rejoint le corps allongé de l’Islande « dont l’âme inspire l’ombre portée / comme les poissons des gyotakus /aux peintres pêcheurs japonais ».
Peu à peu les jours s’allongent, le temps aussi. Deux vies de (mère et de fille) se tissent en parallèle. Si bien que le silence n’est jamais vraiment présent : un poème (et son « répons ») par mois le cassent. Il y a des mots sur la neige, sur le ciment pour dire – mais à peine, à peine – juste ce qu’il faut afin que la vie se fraye un passage.
Se sentent l’odeur de l’eau et le parfum des violettes. Attendre encore attendre : car la déliaison n’est pas ; le monde avance. Les deux correspondantes aussi dans le pacte biographique qui devient chant d’amour pudique comme on l’est entre une mère et sa fille en âge de le devenir.
Demeure toute une suite de nappes ou de strates. La vieille camera obscure s’offre une fraîcheur au milieu des geysers et des hommes qui « ne disent pas tout » ; est-ce par pudeur qu’ils se taisent eux aussi ?
C’est moins sûr ; mais deux vies avancent. Peu à peu une autre enfance se recompose dans le voyage et le pacte des poèmes. Jaillit une douceur nouvelle au fil des phrases dans les cafés de Reykjavik, dans la maison de Corenc. Il reste sans doute des trous à combler, à écrire. Mais quelque chose suit son cours. Comprendre encore, comprendre.
Jean-Paul Gavard-Perret
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