Plateau Virtuel club #5, par Marie du Crest
Et de cinq. L’émission de Radio Clapas, cette fois-ci est consacrée à la dernière pièce de Samuel Gallet, publiée comme l’ensemble de ses œuvres depuis sa sortie de l’Ensatt, en 2007, aux éditions Espaces 34. Sabine Chevallier aime à suivre le parcours de ses auteurs. Samuel Gallet prend la parole pour présenter la fable de cette pièce de commande, mise en scène par Jean-Pierre Baro, lors de sa création.
Il est donc question de trois jeunes femmes (Erine, Andréa et Suzanne) qui ne se connaissent pas mais qui vivent toutes dans des villes occidentales violentes socialement, empêchant de vivre sa vie, de vivre les rêves de leur vie. Elles se réfugient dans le sommeil et le monde onirique les confronte au pouvoir incarné ici par les figures de Denys, tyran de Syracuse et de Damoclès. Au réveil, elles échappent à leur vie d’avant et se rencontrent enfin dans la vie réelle.
Samuel Gallet revient à l’évocation du travail de l’allemande Charlotte Beradt qui a recueilli des rêves d’allemands, qui d’une certaine manière pouvaient éclairer les névroses du Troisième Reich. Les cauchemars ne parlent-ils pas de ce que nous sommes ?
A la différence des précédentes émissions, cet épisode 5 fait entendre assez longuement la lecture prolongée du texte par son auteur : Samuel Gallet lit en effet le début de la partie I, L’épée de Damoclès du fragment 1 à 5. Il dit les parties du chœur, d’Erine et d’Andréa. Samuel Gallet a d’ailleurs, à plusieurs reprises, pris part, en scène, à la réalisation de certaines de ses pièces.
Sous la forme de l’entretien, il éclaire son propos. Il est un écrivain des mondes urbains, de ses périphéries dans cette pièce comme dans d’autres. La ville est selon lui à la fois un territoire quadrillé en secteurs géographiques ou sociaux mais aussi lieu des errances et de la rêverie. On se souvient de La bataille d’Eskandar. Et les figures féminines, elles aussi traversent son théâtre ; elles ne sont pas des porte-parole du féminisme mais plutôt des voix qui se font entendre.
Et justement, David Léon aiguise celle d’une jeune comédienne de l’Ensad qui lit le fragment 6, pages 20 et 21 : Suzanne. Sa lecture, ses interruptions, ses reprises sous la direction de David Léon dévoilent des moments, des points de force autour de certains mots.
Elle lit ensuite le fragment suivant dans la précision d’un récit qui plonge dans l’Antiquité grecque. Ainsi martèle-t-elle le mot A/GA/CE. Un garçon, quant à lui, investit une partie écrite en italiques, correspondant à un rôle dramatique, celui du courtisan grotesque, en la personne de Damoclès (pages 22 et 23). Voix tonitruante et flatteuse boursoufflée en proclamant son admiration : O O O.
Dire donc des passages du texte et commenter dans le dialogue. L’auteur et son écriture en phrases courtes, dans l’urgence de la profération théâtrale. Et trois comédiennes suffisent à cette dramaturgie, endossant tous « les personnages », y compris ceux de Denys et de Damoclès.
Et puis le dernier moment de l’émission, son écho musical monte : Diamanda Galas au piano, de sa voix profonde chante en grec Keigone
Marie Du Crest
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