Peine perdue, Olivier Adam
Peine perdue, août 2014, 416 pages, 21,50 €
Ecrivain(s): Olivier Adam Edition: FlammarionAvec Peine perdue, Olivier Adam nous emmène dans une ronde où les personnages et les voix vont se succéder, se lier, s’éclaircir mutuellement au fil des pages. Nous découvrons ainsi une bonne vingtaine d’acteurs de la vie d’une commune côtière, quelque part du côté de Nice. Il ne s’y passe pas grand-chose, entre les magouilles du gros entrepreneur local et « son » équipe de foot, avec une activité touristique convoitée par les requins voisins.
Il suffira d’un gros coup de mer pour que la côte soit pendant quelques jours dévastée et que des vies qui semblaient n’attendre que cela basculent et que se mettent à jour toute la peine perdue à les construire, à essayer au moins de les sauver du désastre, si ce n’est en faire de grands destins.
Il y a Antoine, le footballeur parfois brillant et surtout incontrôlable (qui n’est pas sans rappeler le personnage de Patrick Dewaere dans Coup de tête, le film de Jean-Jacques Annaud), Pérez l’entrepreneur combinard plein aux as, Grindel, le flic pas très doué, désabusé et débordé par les évènements, Paul et Hélène, le couple âgé qui essaye d’en finir, une jeune femme anonyme et inconnue qui semble vouloir échapper au monde, une équipe de foot « petit poucet » qui doit se préparer à affronter la grande équipe de Nantes en Coupe de France…
Depuis le coup de mer et l’agression qui a laissé Antoine quasi pour mort, les petits mondes de toutes ces vies semblent avoir perdu toute boussole et chacun fait comme il peut, avec ses fantômes, ses rêves, ses illusions à perdre. Un monde bien gris sous le soleil de la côte d’azur, et même noir parfois.
L’écriture et le style d’Olivier Adam donnent leur chair et leur crédibilité à toutes ces voix qui dressent un tableau de notre société où les raisons de désespérer, ou pour le moins de déprimer, abondent, mais où les espoirs existent aussi, où les rêves – et pas seulement les cauchemars – peuvent aussi, au moins en partie, devenir des réalités.
Un récit fragmenté et pluriel, mais complètement cohérent que l’on peut lire comme une métaphore ou une allégorie de notre monde et de ses crises, mais aussi comme le récit, voire le manuel, de survie et de résistance au quotidien.
Marc Ossorguine
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