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Paul Micio, Les Collections de Monsieur, frère de Louis XIV

Ecrit par Matthieu Gosztola le 28.08.15 dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

Paul Micio, Les Collections de Monsieur, frère de Louis XIV

 

Paul Micio, Les Collections de Monsieur, frère de Louis XIV, Orfèvrerie et objets d’art des Orléans sous l’Ancien Régime, Somogy éditions d’art, 2014, 360 pages, 24 x 32 cm, 59,00 €

 

Voici – et c’est heureux – la première étude approfondie existant sur les collections de Monsieur, frère du roi Louis XIV, et sur celles de sa famille, collections qui sont assurément les plus marquantes et les plus variées de l’Ancien Régime, hormis, bien sûr, celles de la Couronne.

La famille d’Orléans a apporté son concours à la réalisation de ce magnifique ouvrage, ayant permis à Paul Micio l’accès à ses archives privées. Micio a consacré plus de dix années de recherches à ces archives, consultant inventaires après décès, journaux, correspondances, factures, comptes…, l’esprit devenu flamme réchauffant d’un chaud halo, et invisiblement y déposant son voile, et fervemment y déposant son trouble, les verres superposés d’une lanterne (arrachée à quelque lieu profondément enfoui dans les Mille et une nuits) : celle du corps ainsi rendu transparent par la passion qui l’a comme resculpté, et en a changé la matière (pouvoir de la passion), – et cela a conduit Micio en France, en Espagne, en Angleterre.

Les Collections de Monsieur, frère de Louis XIV, Orfèvrerie et objets d’art des Orléans sous l’Ancien Régime retrace l’historique de ces collections, de la Renaissance jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, en privilégiant suivant toute logique l’époque d’Henriette-Marie, sœur de Gaston d’Orléans, tante et belle-mère de Monsieur, en 1625, jusqu’à la mort du Régent, en 1723.

Illustré de plus de 200 dessins, gravures, plans, bijoux, orfèvrerie, objets d’art, porcelaines montées, cet ouvrage n’intéressera pas seulement les érudits, historiens de l’art et curieux passionnés. Il intéressera tous ceux qui, se levant de quelque rêve, voudront caresser imaginairement les bords d’une Histoire contenue en l’arrondi parfait d’un objet.

Et du CD-Rom inclus contenant les inventaires et archives inédites de la Maison d’Orléans, du XVIIe au XVIIIe siècle, se lèvent presque des poèmes, tous frères un peu de la somptuosité douce, et pudique, des Mille et une nuits recomposées – pour la tiédeur de notre rêve épris de forêts – par Antoine Galland.

Ainsi ce texte, que nous avons remis en vers :

 

 

MONSIEUR, ROI DE PERSE

Carrousel de 1662

 

La veste étoit de brocart d’argent rebrodé

d’argent & parsemé de rubis, & se joignoit

 

par devant avec de grosses agrafes de rubis.

Sur le devant autour du col d’une épaule à

 

l’autre, il y avoit une chaîne de gros rubis,

les entourneures des épaules étoient deux

 

chaînes de pareils rubis. Les manches se

terminoient en des lambrequins entourez

 

d’un rang de gros rubis, & qui avoient à

leur bout des campanes de cartisanne &

 

des pendeloques de rubis. De dessous

les manches qui ne passoient guère les

 

épaules, sortoient d’autres manches qui

alloient jusqu’au poignet, & toutes plissées

 

jusqu’à la manchette qui faisoit des languettes.

Il portoit sur le dos une mante à la Persane de

 

brocart incarnat rebrodé d’argent, semée de

perles, nouée sur les épaules par deux gros

 

bouillons, & dont le bas finoissoit par des

lambrequins garnis de campanes. La

 

coiffure étoit un bonnet à la Persane d’un

brocart incarnat, brodé d’argent avec une

 

bande au dessus en écailles d’or, & un tour

de même matière chargé de pandeloques de

 

rubis & de perles. A ce bonnet étoit attaché

une creste de plumes incarnat & blanc sans

 

nombre, sur une grande rose de rubis. Le

bas de soye étoit gris de perle & les botines

 

de même étoffe & broderie que la veste. Le

haut de chacune étoit orné de bouillons de

 

brocart d’argent & d’une rose de rubis qui

les soutenoient. Outre cela, elles étoient

 

chamarées en brodequins d’une bande

de satin incarnat brodé d’argent, le tout

 

garny de rubis incarnat & blanc. La selle

du cheval étoit de brocart incarnat & argent

 

rebrodé d’argent, & son molet d’argent. Tout

le caparaçon étoit de même étoffe & broderie

 

chargé de gros rubis & composé par le bas de

campanes, distinguées & terminées par des

 

pandeloques de rubis & de perles, & noués

de roses de ruban incarnat & blanc, de même

 

que tous les crins. Il y avoit sur le chanfrin une

grande rose de rubis. Les six bossettes étoient

 

deux autres roses. Le mor & les étriers étoient

d’argent garnis de rubis & les resnes de brocart

 

incarnat brodé d’argent aux extremitez, desquelles

pendoient des campanes à pendeloques.

 

 

Matthieu Gosztola

 

Paul Micio, docteur en Lettres modernes de l’Université Paris IV–Sorbonne, expert en argenterie ancienne, auteur de nombreux articles et livres sur l’orfèvrerie française, travaille régulièrement avec les grands musées du monde, le Metropolitan Museum, le Louvre, le Victoria & Albert Museum, le Nationalmuseum de Stockholm et le Getty.

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A propos du rédacteur

Matthieu Gosztola

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Rédacteur

Membre du comité de rédaction

 

Docteur en littérature française, Matthieu Gosztola a obtenu en 2007 le Prix des découvreurs. Une vingtaine d’ouvrages parus, parmi lesquels Débris de tuer, Rwanda, 1994 (Atelier de l’agneau), Recueil des caresses échangées entre Camille Claudel et Auguste Rodin (Éditions de l’Atlantique), Matière à respirer (Création et Recherche). Ces ouvrages sont des recueils de poèmes, des ensembles d’aphorismes, des proses, des essais. Par ailleurs, il a publié des articles et critiques dans les revues et sites Internet suivants : Acta fabula, CCP (Cahier Critique de Poésie), Europe, Histoires Littéraires, L’Étoile-Absinthe, La Cause littéraire, La Licorne, La Main millénaire, La Vie littéraire, Les Nouveaux Cahiers de la Comédie-Française, Poezibao, Recours au poème, remue.net, Terre à Ciel, Tutti magazine.

Pianiste de formation, photographe de l’infime, universitaire, spécialiste de la fin-de-siècle, il participe à des colloques internationaux et donne des lectures de poèmes en France et à l’étranger.

Site Internet : http://www.matthieugosztola.com