Orthograve, Manuscrypte & Libricité & Considérations Médiévales & Domincales (par Eric Poindron)
Les « marginalia » de notre passé
Annotation dans les marges
Ou réflexions écrites dans les marges
Souvenirs enfouis
Secrets d’autrefois
Ne sont peut-être pas
de simples mémoires
des souvenirs ordonnés
classés
mais les graines
qui contiennent
tous nos peut-être futurs
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Et cætera, par exemple.
« Et cetera desunt » est une locution adverbiale nous venant du latin médiéval qui signifie « et les autres choses manquent » ou « et le reste est omis » ; car, ainsi que nous le savons, et comme nous le redoutons, ni le livre, ni la vie, ne sauraient être exhaustifs.
Et l’histoire insaisissable à écrire encore est une lanterne sourde et d’infortune.
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Durant le Moyen Âge, il n’était pas rare que l’on mette un Z au lieu d’un S au pluriel de certains mots. Toutefois cette orthographe étonnante était due uniquement aux copistes qui trouvaient que, pour leurs manuscrits, les lettres à queue étaient d’un effet plus agréable que les lettres courtes. Alors, les moines substituaient volontiers les premières aux secondes, surtout à la fin des phraseZ.
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Le moine copiste est toujours seul
Surtout lorsqu’il doit cesser de copier
Et s’y mettre à son tour
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L’imaginaire monastique a su inventer, par – ou avec – facétie, un démon particulier, appelé Titivillus, et parfois « Tytyvillus », « Tutivillus », « Tutuvillus », afin d’excuser les erreurs et les fautes des moines calligrapheZ.
La répétitivité de la tâche des moines copistes occasionnait des erreurs et les mots étaient mutilés, déplacés, mal orthographiés ou tout simplement absents, et il fallait rappeler aux moines leur pêché d’inattention.
Ainsi ces derniers faisaient porter la responsabilité́ de leurs erreurs à ce petit diable, et se dédouanaient en écrivant au dos de leur copie : « Titivillus m’a fait faire cette faute » ou « Ce n’est pas moi, c’est Titivillus ! ».
Il apparaît la première fois dans le Tractatus de penitentia, écrit vers 1285 par John de Galles qui ajoute : « Quacque die mille / Vicibus sarcinat ille ».
Chaque jour, Titivillus devait trouver assez d’erreurs pour remplir son sac mille fois ; erreurs que le démon apportait au diable. Chaque erreur, comme un péché, était dûment enregistrée dans un livre face au nom du moine qui l’avait commise, afin qu’il soit énoncé le jour du jugement dernier.
Et les moines de s’exclamer avant la moindre faute : « Puisse Titivillus ne pas remplir trop sa besace ! ».
Même s’il disparaît peu à peu à la Renaissance, Titivillus demeurera longtemps dans l’imaginaire collectif puisque Shakespeare l’évoque dans le deuxième acte de son Henri IV, et qu’au siècle dernier, le très sérieux dictionnaire de référence The Oxford English Dictionary, mentionnait encore son nom dans une note de bas de page.
Sacré TitivilluZ.
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L’esperluette est ma complice & la ❦ma coquetterie.
Vers la fin du XVème siècle, Alde Manuce, imprimeur, libraire, éditeur, vénitien, et humaniste imagine les poinçons de la feuille de vigne. ❦ Il fixe ainsi un motif souvent aléatoire que l’on réalisait à la main.
Ainsi naît la feuille aldine, une feuille typographique élégante & délicate parée de sarments ondulés de différentes tailles.
La feuille aldine sera déclinée à l’envi par les typographes et vivra ses belles heures au siècle de l’Humanisme.
Si vous êtes un humaniste, faites confiance à la feuille aldine, ce petit cœur qui sait battre au gré des mots vivants et des pages. ❦
Éric Poindron
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