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Opus Niger, Pierre Stans (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian 10.09.18 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Opus Niger, PhB éditions, juin 2018, 100 pages, 10 €

Ecrivain(s): Pierre Stans

Opus Niger, Pierre Stans (par Guy Donikian)

 

Ce sont presque 40 années d’écriture que ce recueil de poèmes offre au lecteur (1976-2014). Opus Niger, le titre de l’ouvrage, est également le titre de l’un des six « chapitres » qui ponctuent la publication. Lire Pierre Stans, c’est s’immerger dans une écriture que caractérisent le souci des « petits riens » et une extrême sensibilité. C’est aussi confirmer que la poésie est sans doute le dernier bastion d’une réelle écriture face à l’hégémonie du roman qui voit aujourd’hui se succéder des truismes dont le poème n’a que faire. Il ne s’agit plus de (se) raconter des histoires, mais de souligner ce que toute civilisation a mis au jour, un rapport on ne peut plus sensible au réel, qui tient du paradoxe puisque c’est l’impalpable qui se meut dans les vers, cet impalpable qui fait de nous des êtres bourrés de vibrations pour exprimer le plus intime de chacun. La « musicalité », la scansion donnent aussi au texte une épaisseur que les termes révèlent essentiellement dans ces circonstances.

Une craie noire

Dilate les pupilles

Désir perdu

Juste une voix sous la peau

Proche de la terre

Déserteur d’années-terrasse

 

Ainsi, comme dans tout texte poétique, atteint-on ce que Pierre Stans ne fait qu’effleurer, comme si un léger tremblement sensuel devenait l’épicentre du vivre. Non que vivre soit une catastrophe, mais la source d’un émerveillement où se mêlent une angoisse devant la fragilité de chacun et le plaisir de ce que cette fragilité même permet. Et puis il y a l’autre, et la difficulté de le connaître, donc celle de l’aimer, bien que tout nous porte à vivre cet amour.

 

Tes rondeurs musculeuses si proches

Des désirs de peau transfuge

Ne sachant plus

Où être et à quel jeu se donner

A quel instant se conjuguer

 

Il y a aussi parmi les « chapitres » du recueil, celui intitulé Akrotiri. On sait l’existence du site et son importance. Akrotiri, au sud de l’île de Santorin, est un lieu de fouilles archéologiques où l’on a découvert une ville de la civilisation des Cyclades, avec une influence minoenne. On sait moins que, comme à Pompéi, la ville fut ensevelie sous les cendres par une éruption volcanique il y a plus de 3500 ans. L’excellent état de conservation des bâtiments et des fresques donne un aperçu de l’histoire sociale, économique et culturelle à l’âge de bronze, dans cette région de la mer Egée. Et Pierre Stans écrit l’émotion devant des vestiges qui donnent à voir ce qui vivait il y a plus de trente-cinq siècles.

 

Une sulfureuse vapeur transpire de la terre

Entre les roches coagulées

Pierre ponce

Blocs noirs

 

Et plus loin, l’auteur ne s’en tient plus à la description, mais il cristallise ce que laissent entrevoir les vestiges :

 

Il y a autour des pierres une arrière-présence

Juste le soupçon d’une substance

Que les mots éclairent d’un clair-obscur…

 

Guy Donikian

 


  • Vu : 1988

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A propos de l'écrivain

Pierre Stans

 

Poète français.

 

A propos du rédacteur

Guy Donikian

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