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Onze poèmes de "Porté par le Silence", par Clément G. Second

Ecrit par Clément G. Second 30.11.15 dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

Onze poèmes de

2014-2015 (Ouvrage en cours d’achèvement)

 

Comme un accent qui de l’intérieur presse

davantage en rentrant son annonce

accumulée, tendue d’imaginables

au bord ou sur le point

 

Retenu différé qui vibre

 

et transmet à la tête basse et de côté

son équilibre instable un court laps

rétif à la suite

Pressentant du proche on voudrait

s’y préparer à fond, pleinement l’accueillir de la main de l’oreille

attentif à tout, autant dire à trop

 

Raidi de soi

le peu que l’on est le manque

par une volonté couveuse de ses contraires

 

C’est venu à l’envers dans l’instant relâché

on le sait après-coup après le guet bredouille

 

Non, ce n’est pas venu

 

Ça n’a fait que bondir d’un fugitif retrait

laissant derrière soi un vide clôturé

avec le souvenir trouble de la surprise

de quelque chose d’arrivé par perte

 

À-venir déjà loin, voleur le plus habile et le plus recherché

dans l’ignorance vaste où ses foulées s’éteignent

 

Les mots sont ce qu’ils nomment

Vers l’avant-sommeil où les paumes s’ouvrent

La tête éteinte on commence à voir

leur parenté faire un avec le réel

dans l’obscur approchant qui sans un signe enseigne

 

Les stylos disparus reviennent en rêve

vers ceux non encore égarés

 

Des inconnus leur tendent pour toute encre

un lien entortillé aux paquets de nuit

 

Le dormeur avance un doigt puis les autres

 

Son mot à mot cherche à désembrouiller

des soleils en retard, sans répit les tance

 

ignorant quel matin les rendrait lisible

 

Le nom chiffré de l’inutile est poésie

Qu’on l’appelle aussi rareté commune

trace effaçable, ascensionnel versant

sur lequel et la bouche et les doigts s’effritent

pour la plus grande gloire de l’oubli qu’ensemence

la profération d’un jamais premier mot,

on continue pourtant – pourtant valant aussi en raison de cela

à risquer gros sur le rien que l’on tisse

Le gratuit, le perdu d’avance mobilise,

que la peur de durer visite, redécouvre

 

Un poème d’ami lu et bu, vidé au goulot

– Pardon pour l’intempérance

Je tournerai sur moi, lui ferai me nommer

ce qui presse, là

entre taire et crier

et qui rendant meilleur m’élance

 

Au balancement le suivi de la ligne

doit de se prolonger, comme au parlant mutisme

ce mot, chaque mot singulier qui s’ajoute

 

Un qui lésinant ne lésine guère

sur le silence du secret

immobilement se répand

de son allure indivisible

 

Faut-il freiner à toute vitesse

juste avant de le percuter,

que du presque choc il s’écarte

privé soudain de coïncidence ?

 

L’éblouir dans ses glissements

d’une altérité qui tienne

à peine un quart de seconde

mais large, pour bien le flasher ?

 

Suivre celui qui va traversant tous les autres,

que l’enfilade déhanchée arbore ou non

des mouches de coquetterie

et que le blanc ou non s’avalanche

des murs de panne écartés pour lui

 

De l’œil de l’œil ouvert à creux de paume

verrait-on mieux combien de veilles pour le dire,

combien son mouvement n’est pas à devancer ?

 

Concavement rester derrière

escorter sa splendeur d’un latéral retrait

 

Protéger dans son dos la moindre des syllabes

qui le font vers l’avant se répandre

inaccessible aux tintamarres de désert

dont ceux qui le dénient ou le manquent se drapent

 

Le servir, mieux durant d’être cet éphémère

comme sonore et lu de lui

 

Clément G. Second

 


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A propos du rédacteur

Clément G. Second

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Écrit depuis 1959 : poèmes (sortes de haïkus qu’il préfère nommer Brefs, sonnets, formes  libres), nouvelles, notes sur la pratique de l’écrit principalement.

Plusieurs ouvrages en cours ou achevés, parmi lesquels, en poésie,  Porteur Silence (2017 aux Éditions Unicité de François Mocaër), Encres de songerie (2018) et Ce qu’avoue la lisseur des choses suivi de Reprise (2020) chez le même éditeur..

Longtemps en retrait des échanges littéraires, a commencé en 2013 à collaborer à diverses revues pour l’ouverture et le partage : publications  dans Le Capital des Mots,  La Cause Littéraire, Décharge, 17secondes, Écrit(s) du Nord, Incertain regard, Lichen, Littératures brèves, N47, Neiges (site Landes), Nouvelles d’Harfang, Paysages écrits, Revue Pantouns, Terre à Ciel, Verso.

Réalisations avec Agnès Delrieu, photographe (revues, blog L’Œil & L’Encre http://agnesdelrieu.wix.com/loeiletlencre)

Proche de toute écriture qui « donne à lire et à deviner » (Sagesse chinoise), où « Une seule chose compte, celle qui ne peut être expliquée » (Georges Braque), et qui relève du constat d’Albert Camus : « L’expression commence où la pensée finit ».

 

Son blog : Carnets de flottaison CF. https://carnetsdeflottaison.blogspot.com/