Onze poèmes de "Porté par le Silence", par Clément G. Second
2014-2015 (Ouvrage en cours d’achèvement)
Comme un accent qui de l’intérieur presse
davantage en rentrant son annonce
accumulée, tendue d’imaginables
au bord ou sur le point
Retenu différé qui vibre
et transmet à la tête basse et de côté
son équilibre instable un court laps
rétif à la suite
Pressentant du proche on voudrait
s’y préparer à fond, pleinement l’accueillir de la main de l’oreille
attentif à tout, autant dire à trop
Raidi de soi
le peu que l’on est le manque
par une volonté couveuse de ses contraires
C’est venu à l’envers dans l’instant relâché
on le sait après-coup après le guet bredouille
Non, ce n’est pas venu
Ça n’a fait que bondir d’un fugitif retrait
laissant derrière soi un vide clôturé
avec le souvenir trouble de la surprise
de quelque chose d’arrivé par perte
À-venir déjà loin, voleur le plus habile et le plus recherché
dans l’ignorance vaste où ses foulées s’éteignent
Les mots sont ce qu’ils nomment
Vers l’avant-sommeil où les paumes s’ouvrent
La tête éteinte on commence à voir
leur parenté faire un avec le réel
dans l’obscur approchant qui sans un signe enseigne
Les stylos disparus reviennent en rêve
vers ceux non encore égarés
Des inconnus leur tendent pour toute encre
un lien entortillé aux paquets de nuit
Le dormeur avance un doigt puis les autres
Son mot à mot cherche à désembrouiller
des soleils en retard, sans répit les tance
ignorant quel matin les rendrait lisible
Le nom chiffré de l’inutile est poésie
Qu’on l’appelle aussi rareté commune
trace effaçable, ascensionnel versant
sur lequel et la bouche et les doigts s’effritent
pour la plus grande gloire de l’oubli qu’ensemence
la profération d’un jamais premier mot,
on continue pourtant – pourtant valant aussi en raison de cela –
à risquer gros sur le rien que l’on tisse
Le gratuit, le perdu d’avance mobilise,
que la peur de durer visite, redécouvre
Un poème d’ami lu et bu, vidé au goulot
– Pardon pour l’intempérance
Je tournerai sur moi, lui ferai me nommer
ce qui presse, là
entre taire et crier
et qui rendant meilleur m’élance
Au balancement le suivi de la ligne
doit de se prolonger, comme au parlant mutisme
ce mot, chaque mot singulier qui s’ajoute
Un qui lésinant ne lésine guère
sur le silence du secret
immobilement se répand
de son allure indivisible
Faut-il freiner à toute vitesse
juste avant de le percuter,
que du presque choc il s’écarte
privé soudain de coïncidence ?
L’éblouir dans ses glissements
d’une altérité qui tienne
à peine un quart de seconde
mais large, pour bien le flasher ?
Suivre celui qui va traversant tous les autres,
que l’enfilade déhanchée arbore ou non
des mouches de coquetterie
et que le blanc ou non s’avalanche
des murs de panne écartés pour lui
De l’œil de l’œil ouvert à creux de paume
verrait-on mieux combien de veilles pour le dire,
combien son mouvement n’est pas à devancer ?
Concavement rester derrière
escorter sa splendeur d’un latéral retrait
Protéger dans son dos la moindre des syllabes
qui le font vers l’avant se répandre
inaccessible aux tintamarres de désert
dont ceux qui le dénient ou le manquent se drapent
Le servir, mieux durant d’être cet éphémère
comme sonore et lu de lui
Clément G. Second
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