Mère (8), par Didier Ayres
La mort bien avant la vie, n’est-ce pas ?
Ou le contraire ?
Le dernier vêtement.
La dernière chemise.
Tu connais ce film de Powell où l’héroïne récupère les larmes d’un défunt, de son amant qui est entre la vie et la mort. Tu vois, je suis sensible et je me rappelle.
Le Concerto Aranjuez.
Ecoute, je suis ému.
Je ne parle pas sans arrêt de suicide et de mort, cela m’arrive parfois, c’est tout.
Ecoutez. C’est le Concerto de Rodrigo. C’est émouvant, non ?
Et puis, c’est difficile de vivre, c’est aussi difficile de mourir. Moi, il ne me reste rien. Juste une ligne dans le bulletin local de Saint-Junien.
Et quand j’ai un doute, je m’angoisse.
L’activité des agglomérations urbaines.
Le redoublement du réel dans l’action d’énoncer, c’est ça ?
Cet arpège.
Toutes les musiques.
C’est comme la peur de l’an mille ou les réjouissances et les fêtes de l’an deux mille et, qui sait, la prière générale de ce petit monde terrestre en l’an trois mille. L’apocalypse de toute façon. Le Jugement. La Parousie.
Tu vois, je te l’avais dit.
J’en suis sûre.
Alors, prends soin de toi.
Regarde.
C’est une broche ?
Oui, une imitation Chanel.
La flèche ?
Didier Ayres
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