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Méditer sans maître, Peter Hart (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres le 17.04.23 dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Méditer sans maître, Peter Hart, éditions Milagro, février 2023, 132 pages, 10 €

Méditer sans maître, Peter Hart (par Didier Ayres)

 

 

Texte hanté/texte enté

Voilà bien la démonstration en acte de ce que la poésie réserve à celui qui y prête attention. On y voit ici, certes, le contenant, la langue, l’expression ou le style, mais aussi, par transparence, comme en coalescence, le poète lui-même, son humanité, sa personne. Et cette expérience de lecteur revient à cohabiter évidemment avec le langage, mais aussi avec le monde – car le poème a ce double statut : être et paraître. Ainsi, cette fusion de la parole poétique avec la présence propre du poète, nous laisse apercevoir une personne hantée, comme souvent on est habité par le souvenir dans le jeu de la mémoire – organe plastique.

Chaque pas de ma déstructuration

Débouche sur la voie et la vérité

Je ne saurais pas te l’expliquer

Je te jure la fin du monde

Depuis, la lumière éternelle me suit

Comme font les fantômes sous les draps

 

Il faut voir dans ces textes une espèce de greffe de la réalité avec l’expression du poème. Un texte enté. Tout cela pour dire que le réel n’est pas absent, même si la méditation est abstraite et interroge plus qu’elle ne répond. Donc pas de pur récit, peu de réserve diégétique, mais des mots assemblés pour décrire l’étonnement de la vie, et encore une calme confiance dans la langue écrite.

 

Nous sommes l’apocalypse

Nous n’avons le choix que de nous aimer

Nous éclatons en larmes sans raison

ou

Il y a à chaque instant

Et entre chaque instant

Une ombre

Et son étincelle

 

Travail en spirale parfois, traits aigus, en termes d’art de la gravure, considéré comme une intellection des textes, confinant çà et là à la théologie, théologie négative par exemple ; vision convexe, en anamorphose, travail de la mémoire, poussant peut-être le poète vers les Derviches Tourneurs, tant les cercles sont concentriques, répétitifs et grandement ouvragés. Donc : le temps, la nuit, le rien, la mort, pour thèmes. Poèmes orphiques, sans doute. Mais aussi quête de la profondeur, car le poème creuse à la fois comme matière et comme idée ou image. Le réel est donc bonifié, augmenté, en mouvement, diffractant la lumière pour conduire vers un percement de la poésie. Cela cherchant la beauté (rien sans la prosodie).

 

Perdu dans les traces du marécage

Qui s’étendent jusqu’à la lumière

Et au voile granuleux

De l’univers

Les mythes prennent des somnifères

 

Didier Ayres


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A propos du rédacteur

Didier Ayres

 

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Rédacteur

domaines : littérature française et étrangère

genres : poésie, théâtre, arts

période : XXème, XXIème

 

Didier Ayres est né le 31 octobre 1963 à Paris et est diplômé d'une thèse de troisième cycle sur B. M. Koltès. Il a voyagé dans sa jeunesse dans des pays lointains, où il a commencé d'écrire. Après des années de recherches tant du point de vue moral qu'esthétique, il a trouvé une assiette dans l'activité de poète. Il a publié essentiellement chez Arfuyen.  Il écrit aussi pour le théâtre. L'auteur vit actuellement en Limousin. Il dirige la revue L'Hôte avec sa compagne. Il chronique sur le web magazine La Cause Littéraire.