Madame est servie, Thomas Morales
Madame est servie, éd. du Rocher, mars 2016, 156 pages, 15,90 €
Ecrivain(s): Thomas Morales
Je suis un lecteur exigeant, pas toujours commode – mais pas méchant –, et je vais donc tenter de rester bienveillant.
De quoi s’agit-il ?
Nestor B, pardon Joss B., est détective privé. Il a une secrétaire qui gère ce qu’il n’aime pas faire, assume son célibat, même si vers la fin il se résout au compagnonnage, affiche une attitude un peu désabusée et est copain avec le commissaire de police qui classe vite les affaires quand, lui, le privé, ne veut pas en rester là. Vous savez, ce fameux petit doute que les policiers professionnels n’ont pas et que seuls les privés possèdent.
Faut-il préférer l’original à la copie ? Sans doute, mais le lecteur est juge. Bien sûr il y a des différences, ce n’est pas du copié-collé, mais c’est le même package. Le privé enquête sur mission dans un milieu particulier, ici le showbiz.
L’intrigue est assez mince, une actrice est trucidée, une autre se suicide, une troisième ne dit pas tout. Les deux premières étaient homosexuelles (c’est à la mode). Le privé va donc tenter de dénouer les fils, mais le nœud n’est pas très serré. Finalement, c’est une obscure vieille amoureuse qui arme un bras vengeur et est la cause de tous ces malheurs.
Thomas Morales utilise une écriture plutôt simple qui rend le roman facile à lire. Dommage qu’il se laisse aller à des facilités d’auteur qui se veulent être des « bons mots » et qui séduiraient un peu plus si elles étaient mieux travaillées. Le ton se veut parfois dénonciateur des travers de nos sociétés et parfois je me suis demandé si quelque chose trouvait grâce aux yeux de Joss B.
On relève aussi des affirmations plutôt malvenues, comme des anathèmes faciles :
Page 33, c’est l’ennui qui fait fuir les Bretons de leur région vers Paris (là où, comme on le sait, la vie est radieuse. Les Bretons ont dû vous faire du mal, vous les fustigez à plusieurs reprises comme leur climat).
Page 51, je cite : « En 1990, en Corrèze, on passait pour un érudit si on avait le bas ». Les Corréziens apprécieront.
Page 96, les actrices sont dépeintes comme des cruches par les médias.
Le livre est truffé de références à des comédiens, à des films, ça ne gêne pas, mais j’ai trouvé qu’il y en avait un peu trop.
Bien, comme j’ai dit que je resterai bienveillant, disons que cette histoire en vaut bien d’autres. Après tout, elle a sa particularité, donc dans le train, entre deux stations, on passe un moment agréable, car, c’est le paradoxe de ce récit, on a quand même envie de connaître la suite.
Bref, le livre n’est pas très cher, aussi si vous ne recherchez pas une révélation littéraire…
Gilles Brancati
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