Les Temples de l’Oubli, Christian Amstatt
Les Temples de l’Oubli, Poèmes assortis de Photographies de l’auteur, éditions Couleurs de rimes, 43 p. 8 €
Ecrivain(s): Christian Amstatt
Si la porte d’Apollon ouvre Les Temples de l’Oubli, en première de couverture et en lieu de photographie prise par l’auteur lui-même
Si la porte d’Apollon ouvre ce recueil – on se dit que la déesse grecque de la Mémoire et mère des Muses, Mnémosyne, doit elle aussi veiller sur ces temples tant,
Ici, la Mémoire & la Poésie se touchent.
Et nous touchent,
jusqu’à éveiller ou réveiller des souvenirs telles des pierres levées sous les pas en connaissance, ou non, du pays ici chanté.
Dans Les Temples de l’Oubli, Christian Amstatt nous parle d’un pays d’éternité, en l’occurrence de la Grèce, dont le prologue dessine d’emblée le visage poétique ou le fait réapparaître : « (…) on sait que notre poésie plonge ses racines au plus profond de la Grèce antique – d’ailleurs le mot de poésie vient du grec Poiésis qui signifie créer, fabriquer… »
Ainsi le pays d’éternité des Temples de l’Oubli ressemble à cette Grèce antique de nos souvenirs, ancrée dans nos langages de géographie observée et de géographie imaginaire – et nous invite à découvrir par les mots en poèmes, et les photographies mises en regard par Christian Amstatt, une Grèce parcourue par l’auteur en 2011, revisitée poétiquement dans le prolongement de ce séjour en ce recueil.
L’écriture des poèmes est de structure classique (sonnets, poèmes composés de vers réguliers à nombre de syllabes fixe et/ou avec rimes) – une structure classique travaillant des reliques d’images & de paysages laissés par le temps des vestiges.
Ainsi cette Cité monastique des Météores, en Thessalie :
Perché, le monastère élève les mémoires
De la plaine au vertige, oublieux des chemins
que les ans ont usés tels de vieux parchemins
qu’on laisserait moisir comme d’anciens grimoires.
(Météores)
Les poèmes offerts par Les Temples de l’Oubli sont tels des météores tombés et recueillis en pays de Poésie
(…)
Pays de poésie où le ciel se devine ;
Alphabet de l’Histoire aux éternels sommets.
(Météores)
Je relisais l’article de Béatrice Gaudy paru sur le site en ligne de Traversées(http://traversees.files.wordpress.com/), la revue de Patrice Breno, Virton, Belgique – et rebondissais sur ces mots : « Sur la plupart d’entre nous, la Grèce antique exerce une véritable fascination, non pour la conception d’une pseudo-démocratie fondée sur l’esclavage massif et le statut des femmes ravalées au rang de reproductrices, mais pour ses arts et pour ses sciences (…) », et me représentais en songeant à cette Grèce antique les philosophes Platon et Socrate, Démocrite aussi lequel « croyait le monde composé d’invisibles atomes » (B. Gaudy), et ces monuments porteurs de mémoire, vecteurs d’une mythologie et de lieux sacrés évocateurs d’une civilisation marquée par SES us et SES faits de légende ou d’Histoire (Delphes et son oracle, la Pythie, le Temple d’Apollon, le tombeau d’Agamemnon, Agamemnon et son Sophocle, son Antigone ; le théâtre d’Epidaure et la naissance de la tragédie ; le Péloponnèse et ses guerres et son Thucydide ; le Temple de Zeus…).
Christian Amstatt réussit à merveille dans Les Temples de l’Oubli à nous restituer, à insuffler au lecteur la mémoire réactivée de ces lieux lointains mais dont les architectures & les légendes, chantées dans ses mots, reviennent dans la proximité de nos mémoires qui se souviennent… Le poète réussit ici à réactiver avec émotion ces lieux séculaires enfouis quelque part sous les strates souterraines de notre mémoire individuelle ou collective, oublieuse mais non perdue,
Éole satisfait, invisible, rallume
Le souvenir des lieux où le soleil a lui
tant de fois sur des Dieux tous éteints aujourd’hui ;
jour en plus qui s’endort sur un soir qui s’enfume.
(Magne)
Les poèmes semblent ici construits à l’image indéfectible de ces Temples de l’Oubli indestructibles, assis sur d’imparables fondations, séculaires, ancestrales. La maîtrise de la structure, la richesse et la justesse du lexique, l’emploi pertinent et varié des ponctuations signent la solidité de l’édifice. Un édifice touché par le souffle de l’Émotion.
Les poèmes érigent leurs stèles de réminiscences à l’instar d’une Mémoire dressée face aux vents et marées du temps dévastateur. Ainsi les ruines du temple de Poséidon, dans la Péloponnèse : « (…)aujourd’hui, l’église en ruine est enlisée, / Et le Dieu de la mer reste Poséidon » (Poséidon).
Transporté dans le zébra confondant passé et présent, le lecteur voyage dans cette zone de rencontre en « jouant à hier et aujourd’hui » sur la carte d’une Grèce revisitée par les mots et les photographies du poète.
Avec Les Temples de l’Oubli le poète Christian Amstatt signe un recueil à lire, à visiter et revisiter, livre à faire circuler en éclaireur sur la route des souvenirs gardiens de notre mémoire personnelle et collective / de notre présent sur lequel, sans baisser la garde, toujours ils veillent.
Les Temples de l’Oubli : un recueil remarquable à découvrir avec, entre le ciel et la mer, la Poésie !
Murielle Compère-DEMarcy
Cf. le Blog http://www.mcdem7.over-blog.com
Sources :
Site en ligne de la revue Traversées (Patrice Breno / Virton, Belgique : article de Béatrice Gaudy)
Blog de Murielle Compère-DEMarcy (MCDem) : http://www.mcdem7.over-blog.com
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