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Les Temples de l’Oubli, Christian Amstatt

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) 01.09.14 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Les Temples de l’Oubli, Poèmes assortis de Photographies de l’auteur, éditions Couleurs de rimes, 43 p. 8 €

Ecrivain(s): Christian Amstatt

Les Temples de l’Oubli, Christian Amstatt

 

Si la porte d’Apollon ouvre Les Temples de l’Oubli, en première de couverture et en lieu de photographie prise par l’auteur lui-même

Si la porte d’Apollon ouvre ce recueil – on se dit que la déesse grecque de la Mémoire et mère des Muses, Mnémosyne, doit elle aussi veiller sur ces temples tant,

Ici, la Mémoire & la Poésie se touchent.

Et nous touchent,

jusqu’à éveiller ou réveiller des souvenirs telles des pierres levées sous les pas en connaissance, ou non, du pays ici chanté.

Dans Les Temples de l’Oubli, Christian Amstatt nous parle d’un pays d’éternité, en l’occurrence de la Grèce, dont le prologue dessine d’emblée le visage poétique ou le fait réapparaître : « (…) on sait que notre poésie plonge ses racines au plus profond de la Grèce antique – d’ailleurs le mot de poésie vient du grec Poiésis qui signifie créer, fabriquer… »

Ainsi le pays d’éternité des Temples de l’Oubli ressemble à cette Grèce antique de nos souvenirs, ancrée dans nos langages de géographie observée et de géographie imaginaire – et nous invite à découvrir par les mots en poèmes, et les photographies mises en regard par Christian Amstatt, une Grèce parcourue par l’auteur en 2011, revisitée poétiquement dans le prolongement de ce séjour en ce recueil.

L’écriture des poèmes est de structure classique (sonnets, poèmes composés de vers réguliers à nombre de syllabes fixe et/ou avec rimes) – une structure classique travaillant des reliques d’images & de paysages laissés par le temps des vestiges.

Ainsi cette Cité monastique des Météores, en Thessalie :

Perché, le monastère élève les mémoires

De la plaine au vertige, oublieux des chemins

que les ans ont usés tels de vieux parchemins

qu’on laisserait moisir comme d’anciens grimoires.

(Météores)

Les poèmes offerts par Les Temples de l’Oubli sont tels des météores tombés et recueillis en pays de Poésie

(…)

Pays de poésie où le ciel se devine ;

Alphabet de l’Histoire aux éternels sommets.

(Météores)

Je relisais l’article de Béatrice Gaudy paru sur le site en ligne de Traversées(http://traversees.files.wordpress.com/), la revue de Patrice Breno, Virton, Belgique – et rebondissais sur ces mots : « Sur la plupart d’entre nous, la Grèce antique exerce une véritable fascination, non pour la conception d’une pseudo-démocratie fondée sur l’esclavage massif et le statut des femmes ravalées au rang de reproductrices, mais pour ses arts et pour ses sciences (…) », et me représentais en songeant à cette Grèce antique les philosophes Platon et Socrate, Démocrite aussi lequel « croyait le monde composé d’invisibles atomes » (B. Gaudy), et ces monuments porteurs de mémoire, vecteurs d’une mythologie et de lieux sacrés évocateurs d’une civilisation marquée par SES us et SES faits de légende ou d’Histoire (Delphes et son oracle, la Pythie, le Temple d’Apollon, le tombeau d’Agamemnon, Agamemnon et son Sophocle, son Antigone ; le théâtre d’Epidaure et la naissance de la tragédie ; le Péloponnèse et ses guerres et son Thucydide ; le Temple de Zeus…).

Christian Amstatt réussit à merveille dans Les Temples de l’Oubli à nous restituer, à insuffler au lecteur la mémoire réactivée de ces lieux lointains mais dont les architectures & les légendes, chantées dans ses mots, reviennent dans la proximité de nos mémoires qui se souviennent… Le poète réussit ici à réactiver avec émotion ces lieux séculaires enfouis quelque part sous les strates souterraines de notre mémoire individuelle ou collective, oublieuse mais non perdue,

Éole satisfait, invisible, rallume

Le souvenir des lieux où le soleil a lui

tant de fois sur des Dieux tous éteints aujourd’hui ;

jour en plus qui s’endort sur un soir qui s’enfume.

(Magne)

Les poèmes semblent ici construits à l’image indéfectible de ces Temples de l’Oubli indestructibles, assis sur d’imparables fondations, séculaires, ancestrales. La maîtrise de la structure, la richesse et la justesse du lexique, l’emploi pertinent et varié des ponctuations signent la solidité de l’édifice. Un édifice touché par le souffle de l’Émotion.

Les poèmes érigent leurs stèles de réminiscences à l’instar d’une Mémoire dressée face aux vents et marées du temps dévastateur. Ainsi les ruines du temple de Poséidon, dans la Péloponnèse : « (…)aujourd’hui, l’église en ruine est enlisée, / Et le Dieu de la mer reste Poséidon » (Poséidon).

Transporté dans le zébra confondant passé et présent, le lecteur voyage dans cette zone de rencontre en « jouant à hier et aujourd’hui » sur la carte d’une Grèce revisitée par les mots et les photographies du poète.

Avec Les Temples de l’Oubli le poète Christian Amstatt signe un recueil à lire, à visiter et revisiter, livre à faire circuler en éclaireur sur la route des souvenirs gardiens de notre mémoire personnelle et collective / de notre présent sur lequel, sans baisser la garde, toujours ils veillent.

Les Temples de l’Oubli : un recueil remarquable à découvrir avec, entre le ciel et la mer, la Poésie !

 

Murielle Compère-DEMarcy

 

Cf. le Blog http://www.mcdem7.over-blog.com

 

Sources :

Site en ligne de la revue Traversées (Patrice Breno / Virton, Belgique : article de Béatrice Gaudy)

Blog de Murielle Compère-DEMarcy (MCDem) : http://www.mcdem7.over-blog.com

 

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A propos de l'écrivain

Christian Amstatt

 

Né en 1951dans une famille très modeste, je suis entré à la SNCF dès ma 16ème année. Après une longue carrière terminée à Dijon en 2006 comme ingénieur sécurité système, je consacre mon temps à l'écriture et à la vie associative, notamment aux Poètes de l'Amitié à Dijon.
Passionné de poésie depuis toujours, j'ai publié mon premier recueil en 2004 "De Glace et de Feu".
En 2010 je décidai de me tourner vers le roman. Les Larmes d'Agathe, paru en décembre 2011 aux éditions Raison et Passions est mon premier roman publié. Un deuxième tirage prévu au printemps 2012 sera distribué en librairies.

Prix obtenus :

Après plusieurs prix à la Société des poètes et artistes de France, j'ai obtenu les prix suivants :
- médaille de bronze 1998 aux poésiades de l'Institut Académique de Paris,
- médaille d'argent 1999 aux poésiades de l'Institut Académique de Paris,
- prix de poète émérite 1998 à la Bibliothèque Internationale de Poésie,
- 1er prix  2008 (prix Ferdinand Camilleti) de la troisième section du 57ème concours littéraire de l'UAICF (Union Artistique et Intellectuelle des Cheminots Français).

J'ajoute que je ne suis pas un "chasseur" de prix et que je préfère le travail de l'écriture lui-même que les récompenses.

 

A propos du rédacteur

MCDEM (Murielle Compère-Demarcy)


Lire toutes les publications de Murielle Compère-Demarcy dans la Cause Littéraire


Murielle Compère-Demarcy (pseudo MCDem.) après des études à Paris-IV Sorbonne en Philosophie et Lettres et au lycée Fénelon (Paris, 5e) en École préparatoire Littéraire, vit aujourd'hui à proximité de Chantilly et de Senlis dans l’Oise où elle se consacre à l'écriture.

Elle dirige la collection "Présences d'écriture" des éditions Douro.

 

Bibliographie

Poésie

  • Atout-cœur, éditions Flammes vives, 2009
  • Eau-vive des falaises éditions Encres vives, collection "Encres blanches", 2014
  • Je marche..., poème marché/compté à lire à voix haute, dédié à Jacques Darras, éditions Encres vives, collection "Encres blanches", 2014
  • Coupure d'électricité, éditions du Port d'Attache, 2015
  • La Falaise effritée du Dire, éditions du Petit Véhicule, Cahier d'art et de littérature Chiendents, no 78, 2015
  • Trash fragilité, éditions Le Citron gare, 2015
  • Un cri dans le ciel, éditions La Porte, 2015
  • Je tu mon AlterÈgoïste, préface d'Alain Marc, 2016
  • Signaux d'existence suivi de La Petite Fille et la Pluie, éditions du Petit Véhicule, 2016
  • Le Poème en marche, suivi de Le Poème en résistance, éditions du Port d'Attache, 2016
  • Dans la course, hors circuit, éd. du Tarmac, 2017
  • Poème-Passeport pour l'Exil, co-écrit avec le photographe-poète Khaled Youssef, éd. Corps Puce, coll. « Parole en liberté », 2017
  • Réédition Dans la course, hors circuit, éd. Tarmac, 2018
  • ... dans la danse de Hurle-Lyre & de Hurlevent..., éd. Encres Vives, collection "Encres blanches" , n°718, 2018
  • L'Oiseau invisible du Temps, éd. Henry, coll. « La Main aux poètes », 2018
  • Alchimiste du soleil pulvérisé, Z4 Éditions, 2019
  • Fenêtre ouverte sur la poésie de Luc Vidal, éditions du Petit Véhicule, coll. « L'Or du Temps », 2019
  • Dans les landes de Hurle-Lyre, Z4 Éditions, 2019
  • L'écorce rouge suivi de Prière pour Notre-Dame de Paris & Hurlement, préface de Jacques Darras, Z4 Editions, coll. « Les 4 saisons », 2020
  • Voyage Grand-Tournesol, avec Khaled Youssef et la participation de Basia Miller, Z4 Éditions, Préface de Chiara de Luca, 2020
  • Werner Lambersy, Editions les Vanneaux ; 2020
  • Confinés dans le noir, Éditions du Port d'Attache, illustr. de couverture Jacques Cauda; 2021
  • Le soleil n'est pas terminé, Editions Douro, 2021 avec photographies de Laurent Boisselier. Préface de Jean-Louis Rambour. Notes sur la poésie de MCDem. de Jean-Yves Guigot. Illustr. de couverture Laurent Boisselier.
  • l'ange du mascaret, Editions Henry, Coll. Les Ecrits du Nord ; 2022. Prélude et Avant-Propos Laurent Boisselier.
  • La deuxième bouche, avec le psychanalyste-écrivain Philippe Bouret, Sinope Editions ; 2022. Préface de Sylvestre Clancier (Président de l'Académie Mallarmé).
  • L'appel de la louve, Editions du Cygne, Collection Le chant du cygne ; 2023.
  • Louve, y es-tu ? , Editions Douro, Coll. Poésies au Présent ; 2023.