Les Rouilles encagées, Benjamin Péret
Les Rouilles encagées, éd. Prairial (Paris, Brumaire 224), novembre 2015, édition réalisée avec le concours de la DRAC de l’Île-de-France, 70 pages, 8 €
Ecrivain(s): Benjamin Péret
On connaît peu ou prou les œuvres de Benjamin Péret, poète écrivain surréaliste engagé. Leur diffusion et leur succès font de l’auteur un des plus importants de la littérature du XXe siècle.
L’ouvrage dont il est question ici fait exception dans la bibliographie abondante de Péret.
Censuré avant même sa parution en 1928, alors qu’il n’en est qu’en phase de fabrication à l’imprimerie sur commande de l’éditeur clandestin René Bonnel, il ne sera finalement publié, par Eric Losfeld, qu’en 1970, sous pseudonyme d’auteur de Satyremont, et derechef interdit à la vente l’année suivante.
Définitivement autorisé en 1975, seize ans après la mort de Benjamin Péret, il vient d’être réédité par les éditions Prairial, au mois de Brumaire 224 (soit en novembre 2015 dans le calendrier grégorien).
Cet opus de 70 pages consiste en un récit délirant dans lequel s’intercalent de courts textes de forme poétique attribués à l’un des personnages.
Délibérément provocateur, volontairement outrancier, truffé sciemment de ces termes que la morale bourgeoise qualifie de gros mots, le livre aurait pu prendre rang sur les étagères de l’occulte Enfer de la Bibliothèque Nationale exploré par le Guillaume Apollinaire des Onze mille verges, espace créé en 1840 et toujours interdit de nos jours aux moins de seize ans, sur le même rayon que les œuvres de Crébillon fils et de Sade et les romans libertins du VIIIe siècle, ou encore à côté du célèbre et paradoxalement jamais cité Gamiani ou deux nuits d’excès de Musset.
Il aura sa place, dans les librairies et bibliothèques d’aujourd’hui, dans le petit coin des livres réservés à un public averti, entre ceux peut-être de Pierre Louys et ceux de Georges Bataille.
L’histoire se déchaîne chez un vicomte dont il convient de taire ici le nom pour laisser au lecteur le plaisir d’en découvrir les juteuses connotations, au sein d’une famille dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle n’est coincée par aucune once de puritanisme.
On n’en dira pas plus, de peur d’effaroucher les visiteurs de La Cause Littéraire dont les chastes oreilles pourraient être offensées… A bon entendeur, salut !
Il importe toutefois de signaler à ceux à qui cela n’aurait pas immédiatement sauté aux yeux, que pour connaître le véritable titre de cette curiosité poétique et littéraire, il est nécessaire de le contrepéter.
Patryck Froissart
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