Les Régicides, Robert Harris (par Jean-Jacques Bretou)
Edition: Belfond
En 1660, un navire anglais rejoint les côtes de la Nouvelle Angleterre. Il débarque à Boston son lot de passagers, avec parmi eux le colonel Edward Whalley et son gendre le colonel William Goffe. Ces derniers sont en fuite, recherchés pour avoir signé onze ans plus tôt la condamnation à mort du roi d’Angleterre Charles 1er suite à sa défaite contre les républicains. En effet en 1649, Oliver Cromwell, à la tête des révoltés de la New Model Army, vainqueur de la royauté après avoir fait décapiter le roi, s’est hissé à la tête du Commonwealth. En 1558, Cromwell meurt et son fils lui succède, mais le régime s’écroule avec le retour de la monarchie. En 1660, le roi Charles II monte sur le trône. Les « régicides » sont alors recherchés.
C’est à ce moment que commence ce thriller historique imaginé par Robert Harris. Il invente le personnage de Richard Nayler, qui contrairement à Whalley et Goffe (Whalley avait été un des chefs de la New Model Army et Goffe était son gendre) n’a pas existé, en fait un fervent défenseur de la couronne et le lance aux trousses des régicides. Nayler va se révéler être un enragé, peu prêt à arrêter sa chasse parce qu’il semblerait que les fugitifs soient à l’origine de la mort de sa femme et de son enfant nouveau-né. Les fuyards, après avoir tenté de trouver abri en Angleterre où demeurent encore quelques-uns de leurs partisans, finissent par décider de prendre le large vers les terres que l’on leur a annoncé comme plus hospitalières de l’Amérique. C’est ainsi qu’ils débarquent à Boston et se cherchent un refuge au sein d’une colonie anglaise importante.
C’est cette course poursuite impitoyable entre un royaliste et les « régicides » que nous conte pendant plus de 450 pages Robert Harris. Les terres de la Nouvelle Angleterre ont beau être vastes, elles ne semblent pas l’être suffisamment pour les fugitifs et leur rusé chasseur.
Dans ce roman d’aventure en quatre parties, tous les ingrédients sont là pour tenir le lecteur en haleine, style simple, phrase courtes, rebondissements nombreux, survie en conditions extrêmes, robinsonnades, action. On assiste même à l’expédition navale conduite à la Nouvelle Amsterdam qui vit les Hollandais se rendre sans une goutte de sang.
Les portraits que nous décrit Harris sont ambigus, Richard Nayler nous apparaît comme un individu cruel et sans pitié, tandis que l’on se prend à souhaiter aux « régicides » de pouvoir se tirer de cette situation. De ce fait, cela atténue la laideur autant physique que mentale que l’on aurait pu avoir de Cromwell.
Jean-Jacques Bretou
Robert Harris, écrivain, journaliste et producteur de télévision britannique, né en 1957 à Nottingham, est l’auteur de nombreux romans historiques notamment sur la Rome antique ou la seconde guerre mondiale.
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