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Le sable de la terre, Ismaël Savadogo

Ecrit par Nathalie de Courson 10.05.17 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Le sable de la terre, éd. Lavoir Saint-Martin, 2015, 39 pages, 10 €

Ecrivain(s): Ismaël Savadogo

Le sable de la terre, Ismaël Savadogo

 

Le recueil Le sable de la terre commence ainsi (p.7) :

 

« Marcher en plein soleil

par un jour non élucidé,

 

marcherons-nous encore

même si nous sommes parvenus

à un arbre ?

 

la réponse à cette question

est de ne pas s’arrêter :

on ne devrait pas pouvoir trouver

mais juste poursuivre ».

 

Le ton du recueil est donné d’emblée par ce « Marcher » impératif qui ouvre le poème, et par ces vers libres, courts, enjambants, parfois décrochés à droite, qui le constituent et le caractérisent. Le marcheur qui s’interroge est un « nous », un « on », un « je », ou un « tu » – pronoms déclinant la solitude d’un être plus ou moins en retrait du monde mais qui y cherche obstinément son chemin. La solitude est dans les premiers poèmes endeuillée, peuplée de morts, avec des trous que l’on creuse, des chutes et des mouvements de descente vers le noir, sans que jamais disparaisse la volonté de chercher « jusque dans quel puits / le jour va prendre son éclat » (p.19).

 

Ici et là, et peu à peu, s’effectuent des remontées (p.26) :

(…)

« Avec un peu d’effort

revenons gravir le mont

après avoir creusé partout

 

pour chercher maintenant

à agripper le ciel ».

 

Le poète accomplit ainsi une suite de mouvements vers le haut et vers le bas, entre transcendance et immanence, tantôt en suspension au-dessus du monde, aligné sur les nuages, « tel un écumeur du monde » (p.35), et tantôt tout en bas, dans l’obscur, dans le sable et dans les terres sèches, car « la route qui descend / n’en est pas moins une route / qui cherche quelque chose » (p.22). On note parallèlement une oscillation temporelle entre un passé douloureux, constitué de morts, et un futur énigmatique mais non dénué de promesse. On se demande alors, à la faveur d’une parenté sonore, si le poète n’attend pas implicitement que du « sable de la terre » où se creusent les tombes surgisse une parole poétique qui serait « le sel de la terre ».

Et l’on est pris du désir d’accueillir cette poésie attentive, patiente, modeste, ascétique, et discrètement spiritualiste.

 

Nathalie de Courson

 


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A propos de l'écrivain

Ismaël Savadogo

 

Ismaël Savadogo est un poète ivoirien de 35 ans, qui a collaboré aux revues littéraires L’Intranquille et Traversées, à l’anthologie 120 nuances d’Afrique établie par Bruno Doucey, Nimrod et Christian Poslaniec aux éditions Bruno Doucey en février 2017, et dont le premier recueil, Le Sable de la terre était paru en novembre 2015 aux éditions du Lavoir Saint-Martin. Ismaël Savadogo vient de passer près de deux mois en résidence d’artiste à Paris dans le cadre du Printemps des poètes 2017.

A propos du rédacteur

Nathalie de Courson

 

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Nathalie de Courson, enfance et adolescence à Madrid, agrégation de Lettres, doctorat de Littérature française, enseignement (beaucoup). Publications : Nathalie SarrauteLa Peau de maman (L’Harmattan) ; Eclats d’école (Le Lavoir Saint-Martin) ; articles dans les revues Poétique, Equinoxes, La Cause littéraire ; traductions de l’espagnol, dont, en 2017, le roman (traduit du castillan et de l’aragonais) Où allons-nous d’Ana Tena Puy (La Ramonda/Gara d’Edizions).

Auteur d’un blog http://patte-de-mouette.fr/