Le retour du gang, Edward Abbey
Le retour du gang (Hayduke Lives !), traduit de l’américain par Jacques Mailhos 2013 430 pages, 24,50 €
Ecrivain(s): Edward Abbey Edition: Gallmeister
Le gang de la clef à molette est de retour !
C’est avec un véritable plaisir que l’on retrouve le quatuor enflammé, à la tchatche facile, à la vanne contagieuse. Quelques années ont passé depuis leurs premières aventures. Après les démêlés judiciaires de la fin du premier opus, les uns et les autres se sont rangés. Doc et Bonnie ont eu un bébé, attendent le deuxième alors que Seldom Smith est, lui, bien occupé entre toutes ses femmes. Il n’y a que George qui poursuit le combat. Un temps laissé pour mort (du moins officiellement), il est toujours bien en vie, ainsi que le proclame le titre original, Hayduke Lives ! Il est toujours bien en vie et continue à sillonner les grands espaces et à poser ses pièges contre les industriels qui ravagent la nature. Il est devenu un emblème, une idée.
Et pour sa deuxième aventure, le gang se retrouve confronté à un ennemi de taille, un monstre, le super-excavateur géant GOLIATH. Un engin qui fait 125 mètres de long, qui pèse treize mille cinq cents tonnes, haut de 23 mètres, avec 27.000 m2 de surface de travail. C’est le plus terrifiant engin construit par l’homme. On le dirait tout droit tiré d’un film de science-fiction.
Son programme : tout ratisser sur son passage. Et en l’occurrence le désert pour y laisser la place à une autoroute. Monsieur Tortue sera le premier à en faire les frais.
L’ennemi est de poids pour les quatre membres du groupe appelés à reprendre du service. Evidemment. On n’en attendait pas moins d’eux.
Mais…
Disons-le tout de suite, ce deuxième épisode souffre de la comparaison avec le premier. Le gang de la clef à molette était un livre jubilatoire, pétillant, à l’humour qui fait mouche, avec un côté addictif – de série télé presque –, où les rebondissements s’enchaînaient à un rythme soutenu, le tout magnifié par la plume lyrique de l’auteur.
Et c’est à peu près tout cela qui manque à cette suite.
On retrouve, certes, avec plaisir les personnages, mais l’intrigue patine. Le GOLIATH est un monstre sous-utilisé. Il est question de lui dans la première scène… et il faudra attendre quasiment 300 pages pour le retrouver.
Il y a beaucoup de scènes inutiles, pas forcément désagréables au demeurant, mais qui n’apportent pas grand-chose à l’intrigue. Le gouverneur Love revient lui aussi et prend une place sans doute beaucoup trop importante pour le second rôle qu’il aurait dû être, surtout qu’on a la fâcheuse impression de n’avoir qu’une pâle photocopie de situations déjà traitées dans le premier tome. Problème de renouvellement donc. De comment faire du neuf avec du vieux. Edward Abbey n’apporte aucune solution.
Le pire est dans une très longue séquence, de près de 40 pages, sur le rassemblement d’un mouvement écologique. On pressent que l’auteur règle quelques comptes, mais le lecteur, lui, se demande à quoi tout cela rime.
Le retour du gang est finalement un livre… à ne pas faire. C’est le premier en moins bien. Bien que plus court, il paraît plus long. On était pourtant content de retrouver le gang. Comme des amis qu’on avait perdus de vue depuis longtemps. Mais quinze ans plus tard, on se rend compte qu’on n’a plus rien à se dire…
Yann Suty
- Vu : 3359