Le pyromane adolescent suivi de Le sang visible du vitrier, James Noël
Le pyromane adolescent suivi de Le sang visible du vitrier, novembre 2015, 160 pages, 6,90 €
Ecrivain(s): James Noël Edition: Points
Le pyromane adolescent porte bien son nom, pour l’effusion de mots dans l’élan d’un printemps qui déborde, chaque poème semble être un premier jet, que le poète laisse derrière lui, sans se retourner, une poésie qui tient autant du chien fou que du félin sautant de toit en toit, agile séducteur.
Aussi c’est surtout l’énergie qu’on en retiendra, une énergie sincère, désordonnée, fougueuse
de beaux fruits qui exploseront de rire
dans le jus de la bouche
L’urgence de mettre un flux incessant et fiévreux de mots sur le désir comme sur les plaies, car
c’est l’encre qui fait que
le poète
trouve dans l’horizon
domicile fixe
Éros donc pour un pyromane adolescent tout entier dans sa dévotion aux filles de feu aux innombrables prénoms, de Montréal, de Rome ou de Bahia, filles des îles et de partout où elles incendient le regard. Pyromane papillonnant de l’une à l’autre, impossible pour ce « buveur de kérosène » de résister à l’appel des flammes.
« si je viens nu
ouvre ta nuit
portes et fenêtres »
Une légèreté trop rageuse cependant pour ne pas voir à travers le sang du vitrier, son pays « cette mine d’oubli » où « les rafales raturent », son île écartelée et « le beau naufrage du vivre ».
une terre sur pilotis
avec du sang dans son parterre
terre ligotée
par l’ombre de Thanatos,
le couteau
par malheur
détient un sens aiguisé
des entrailles
de la vie
Chaque poème ou presque de la seconde partie, y est cependant dédié à une personne précise, souvent un poète, peut-être pour contrer justement par les vivants et la mémoire de ceux qui ont vécu, cette drôle de bête que
la mort
qui nous colle à la peau
jusqu’à nous déboussoler
pour nous faire tomber
dans le domaine public
des astres et des trous noirs
Éros contre Thanatos, faire l’amour à mort et sans vainqueur, car comme le dit la passante qui avait du chien, ce qui compte poète, c’est que « t’as le cœur qui sent bon ! »
Le poète qui nous dit
je rends les armes
et vous recommande
une seule bombe sous le manteau
le mot d’amour
Cathy Garcia
- Vu : 3910