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Le Murmure des oliviers, Giuseppe Bonaviri (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy 04.04.19 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Italie, Roman, Verdier

Le Murmure des oliviers (La Contrada degli ulivi, 1975), octobre 2018, trad. italien Jacqueline Bloncourt-Herselin, 110 pages, 7 €

Ecrivain(s): Giuseppe Bonaviri Edition: Verdier

Le Murmure des oliviers, Giuseppe Bonaviri (par Léon-Marc Levy)

 

L’Italie a ce secret précieux de nous délivrer régulièrement des pépites littéraires éblouissantes et peu connues. Et Verdier Poche a ce secret de les dénicher et de nous les offrir. Comme le merveilleux Maison des autres de Silvio d’Arzo, Le Murmure des oliviers est une novella qui prend ses racines dans la vie rude et pauvre des montagnards. Ici, on est en Sicile orientale, parmi les paysans plus que pauvres qui tentent de survivre sur la terre ingrate, caillouteuse et sèche que le ciel leur a donnée.

Massaro Angelo, sa famille, ses voisins scrutent le ciel à longueur de vie, guettant là la pluie, là le soleil, lisant les nuages comme un livre qui leur dirait leur destin pour les mois, les jours à venir. La survie en dépend pour les familles accrochées aux pentes des monts, misérables mais solidaires. Même le petit âne de Massaro Angelo, Grison, scrute le ciel !

D’un versant à l’autre de la petite vallée, d’une maison à l’autre, les hommes et les femmes se saluent, comme dans une symphonie surgie du fond des âges.

« Holà, massaro Angelo ! On ne voit pas un seul nuage. Et les terres réclament de l’eau ! ».

Messages dérisoires, qui ne portent aucune information qui ne soit déjà connue de tous, mais messages néanmoins essentiels, vitaux, puisqu’ils portent le salut à l’autre, l’amitié, la solidarité des pauvres. Puisqu’ils sont les seules preuves qu’on n’est pas seul !

Giuseppe Bonaviri élève ainsi un chant, tout son court roman est musical, traversé des sons de ces montagnes siciliennes : Le bruit du vent, des bêtes, des cloches de villages, des voix d’hommes ou de femmes, et le murmure des oliviers. Comme un chœur qui chante le monde et fait supporter la dureté des jours.

« De la vallée obscure de Fiumecaldo, où quelques petites lumières étaient allumées dans les maisons des paysans, montait la voix du vent, plaintive comme une guitare ».

Les bruits se font accompagnements des peurs, des douleurs et de la misère.

« L’on entendait, de l’autre côté de la plaine de Vattano, le cri d’un petit duc, qui s’approchait et s’éloignait, aussi triste que si quelqu’un pleurait un mort au fond de l’obscurité ».

Et chez massaro Angelo, viendra la mort de Marannuzza, femme jeune encore, qui laisse de jeunes enfants.

Et comme si les souffrances quotidiennes ne suffisaient pas, comme si les miséreux n’avaient pas assez de misère, survient la guerre, qui appelle les jeunes vers les batailles, enlève des bras au travail des jours, tue des fils. La grande guerre, celle voulue par Mussolini. Alors les voix se mettent à porter des nouvelles – plus ou moins exactes – venues des lointaines tueries.

« Mais deux années avaient passé depuis que la guerre avait éclaté et, maintenant, on disait que nos soldats reculaient sur tous les fronts, et il y en avait même qui disaient que bientôt il y aurait la guerre en Sicile. Ils se transmettaient les nouvelles avec de grands gestes désolés des mains, ou avec quelques mots, d’un champ à l’autre, ou d’une colline à l’autre, alors qu’ils travaillaient dans les blés, ou qu’ils étaient parmi les oliviers, en train de gauler les olives ».

Dans une écriture d’une simplicité, d’un dépouillement parfaits, cette novella est une ode poétique aux paysans siciliens, dans une imagerie qui semble éternelle.

 

Léon-Marc Levy

 

VL4

 

NB : Vous verrez souvent apparaître une cotation de Valeur Littéraire des livres critiqués. Il ne s’agit en aucun cas d’une notation de qualité ou d’intérêt du livre mais de l’évaluation de sa position au regard de l’histoire de la littérature.

Cette cotation est attribuée par le rédacteur / la rédactrice de la critique ou par le comité de rédaction.

Notre cotation :

VL1 : faible Valeur Littéraire

VL2 : modeste VL

VL3 : assez haute VL

VL4 : haute VL

VL5 : très haute VL

VL6 : Classiques éternels (anciens ou actuels)


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A propos de l'écrivain

Giuseppe Bonaviri

 

Giuseppe Bonaviri, né à Mineo, en Sicile, en 1924, mort à Frosinone en 2009 (à 84 ans), est un médecin, un écrivain et un poète italien contemporain.

A propos du rédacteur

Léon-Marc Levy

 

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Directeur du Magazine

Agrégé de Lettres Modernes

Maître en philosophie

Auteur de "USA 1" aux éditions de Londres

Domaines : anglo-saxon, italien, israélien

Genres : romans, nouvelles, essais

Maisons d’édition préférées : La Pléiade Gallimard / Folio Gallimard / Le Livre de poche / Zulma / Points / Actes Sud /