Le garçon du Rwanda, Bernard Dan
Le garçon du Rwanda, Editions de l’Aube, Collection Regards croisés, janvier 2014, 256 p. 17,20 €
Ecrivain(s): Bernard Dan
Regards croisés
Depuis toujours Esther Lyon a un problème qui lui ronge l’existence : elle ne peut pas dormir. Son insomnie la pousse à côtoyer le monde médical et, d’errance en errance à la quête d’un diagnostic, elle rencontre des traumatisés de guerre telle la petite fille venue de Bosnie. Cette rencontre l’a profondément marquée mais c’est surtout le face à face fortuit entre Esther et un petit garçon qu’elle nomme d’emblée Sanembe qui va bouleverser son existence.
Des années plus tard, devenue adulte et brisée par la vie, Esther revoit Sanembe qui s’appelle en réalité Camille. Tous deux vont tenter de survivre en puisant chez l’autre la force nécessaire pour continuer à avancer. En effet, si Esther a une personnalité morcelée, Camille, lui, cache un mal plus grand : celui du génocide rwandais dont il semble être témoin. Chacun va aider l’autre à surmonter sa terreur de vivre. Esther, atteinte d’un mal incurable sent la vie lui échapper lentement. Cependant, elle s’apaise en écoutant les histoires de son ami :
« J’aimais les histoires. Je vous le dis : les histoires de Camille, j’en avais besoin. Comme un enfant doit recevoir son histoire avant de dormir, il me fallait mon histoire avant de ne pas m’endormir ».
Bernard Dan évoque ici les existences brisées par des contingences extérieures. Ces êtres, terrifiés à l’idée de vivre errent dans le monde en provoquant inconsciemment – au sens freudien du terme – des petits cataclysmes comme la tentative d’infanticide d’Esther.
Racontée à la première personne, l’intrigue est quelque peu sommaire. La profondeur psychologique des personnages n’a pas été vraiment explorée. Pour un lecteur puriste, Le garçon du Rwanda laisse à désirer car c’est une intrigue quelque peu sommaire et de surcroît soporifique car un tantinet narcissique. Peut-être par sa tonalité souvent naïve et enfantine, il conviendrait à un public jeune en quête de belles amitiés et de pureté de sentiments.
Victoire Nguyen
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