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Le feu d'Orphée, Patryck Froissart (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) 17.01.20 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Ipagination

Le feu d’Orphée

Ecrivain(s): Patryck Froissart Edition: Ipagination

Le feu d'Orphée, Patryck Froissart (par Murielle Compère-Demarcy)

 

Le genre de ce livre dense de l’écrivain Patryck Froissart (romancier, nouvelliste, poète et chroniqueur littéraire) n’est pas commun, puisqu’il nous transporte avec Le feu d’Orphée dans l’univers du conte poétique. Le thème est décliné sous diverses formes (textes poétiques, récits prosaïques, contes fantastiques) jalonnant le combat d’Orphée contre le dieu solaire ravisseur de son Eurydice. La quête orphique résonne en chacune de nos existences, qu’elles soient vouées à l’adoration, à la passion amoureuse, ou à la recherche permanente d’un idéal marquant de son sceau nos mythologies personnelles et que l’on retrouve avec force et échos symboliques dans le voyage hallucinant de ce « personnage que dynamisent, paradoxalement, le rapt et l’intermittence de l’aimée… ». Reflet emblématique du désir essentiel vrillé à l’existence des hommes, ardentes/vaillantes sentinelles brûlant de se sentir vivre, Orphée capte et captive notre attention, notre regard, notre quête existentielle engagée dans cette attirance/répulsion vis-à-vis du dieu solaire, figure paradoxale du feu dont l’immanence et la transcendance nous élèvent et nous font trébucher autour de son foyer ardent dans l’espoir fou d’en approcher toujours davantage la flamme.

La puissance de ce conte poétique de Patryck Froissart réside dans l’originalité du traitement qu’il propose du personnage mythique/symbolique d’Orphée : via une exploration des cultures les plus diverses ; via une alternance de textes poétiques et en prose, étayée par « une construction minutieuse (…) faite de continuité et de ruptures » (Préface d’Issa Asgarally), offrant un mode de lectures simultanées ; via l’intertextualité (Paul et VirginieRobinson CrusoéSamarcandeCandideLes Contes de Mille et une Nuits) qui irrigue ce « feu d’Orphée ». Le thème du « feu d’Orphée » se métamorphose au fil des pages en un embrasement obsédant, brûlant de son incandescence la courbe asymptotique du manque/du désir.

« Pour que la fleur ne meure, /il faut nourrir l’épine », lit-on entre les citations en exergue et la Préface: nous entrons dans la sphère du feu du désir paradoxal, entre la dévoration des flammes et l’inflorescence de leur ferveur, nous tenant dans cet entre-deux du souffle qui appelle l’air/la lumière en même temps qu’il approche autant qu’il fuit son manque pour sentir ardemment son cœur s’élever/brûler.

 

L’Introduction annonce la démarche de ce conte poétique, nous prépare au voyage orphique :

 

« La liste des mythiques rapts amoureux (…) est infinie.

L’héroïne y est parfois représentée comme initialement ou finalement consentante.

Le conte qui déroule ses épisodes tout au long de ce livre a pour fil narratif l’enlèvement consenti, mille et une fois renouvelé, et pour fondement thématique le mythe platonicien de l’androgyne, que rapporte Aristophane dans Le Banquet.

Le héros, poète narrateur, est régulièrement abandonné par l’héroïne convoitée par le dieu jaloux des

cieux et des mers.

Il poursuit éperdument le fantasme de son idole à chacune de ses assomptions ou de ses éclipses océanes, par monts, par vaux, par airs, par mers, dans une odyssée lyrique traversée de part en part par la résurgence des mythes les plus connus et par l’intertextualité des plus grandes œuvres romanesques…

Que dire de la forme ?

Versification plus ou moins proche de la prosodie classique française, vers livres, prose poétique, poésie poétique…

Chaque « fragment narratif » a la composition qui m’a paru la plus propre à produire l’expressivité recherchée, mais chacun concourt également au récit, chacun fait épisode, chacun est constitutif de l’histoire. »

 

Inaltéré, désaltérant ou coruscant, l’amour enflamme l’« aventure astrale » chantée « au-delà de la limite exiguë de ce monde » « détruit par la belliqueuse humanité ». L’amour demeure, éclairant au pays de ses ombres, au point d’arcane où l’arc-en-ciel disparaît au moment même où nous croyions le toucher, éternelle offrande où ne cesse de se risquer notre « être morcelé » avide d’aimer, de retrouver l’idéal(e) dans la tension lyrique de son absence. « Comment peut-on jouir de l’unionsans redouter sa consomption », écrit Patryck Froissart dans le poème À cœur vaillant.

Le ravissement provoqué par l’amour brûle du « feu d’Orphée » les pages de ce conte poétique où le narrateur en archer fait jaillir de son arc flambant les sagettes/les vibrations en mots du dieu solaire qui habite et anime « l’ample pulsation de nos cœurs éployés » /amoureux.

 

Murielle Compère-Demarcy

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A propos de l'écrivain

Patryck Froissart


Patryck Froissart, originaire du Borinage, a enseigné les Lettres dans le Nord de la France, dans le Cantal, dans l’Aude, au Maroc, à La Réunion, à Mayotte, avant de devenir Inspecteur, puis proviseur à La Réunion et à Maurice, et d’effectuer des missions de direction et de formation au Cameroun, en Oman, en Mauritanie, au Rwanda, en Côte d’Ivoire.

Membre des jurys des concours nationaux de la SPAF

Membre de l’AREAW (Association Royale des Ecrivains et Artistes de Wallonie)

Membre de la SGDL

Il a publié plusieurs recueils de poésie et de nouvelles, dont certains ont été primés, un roman et une réédition commentée des fables de La Fontaine, tous désormais indisponibles suite à la faillite de sa maison d’édition. Seuls les ouvrages suivants, publiés par d’autres éditeurs, restent accessibles :

-Le dromadaire et la salangane, recueil de tankas (Ed. Franco-canadiennes du tanka francophone)

-Li Ann ou Le tropique des Chimères, roman (Editions Maurice Nadeau)

-L’Arnitoile, poésie (Sinope Editions)


A propos du rédacteur

MCDEM (Murielle Compère-Demarcy)


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Murielle Compère-Demarcy (pseudo MCDem.) après des études à Paris-IV Sorbonne en Philosophie et Lettres et au lycée Fénelon (Paris, 5e) en École préparatoire Littéraire, vit aujourd'hui à proximité de Chantilly et de Senlis dans l’Oise où elle se consacre à l'écriture.

Elle dirige la collection "Présences d'écriture" des éditions Douro.

 

Bibliographie

Poésie

  • Atout-cœur, éditions Flammes vives, 2009
  • Eau-vive des falaises éditions Encres vives, collection "Encres blanches", 2014
  • Je marche..., poème marché/compté à lire à voix haute, dédié à Jacques Darras, éditions Encres vives, collection "Encres blanches", 2014
  • Coupure d'électricité, éditions du Port d'Attache, 2015
  • La Falaise effritée du Dire, éditions du Petit Véhicule, Cahier d'art et de littérature Chiendents, no 78, 2015
  • Trash fragilité, éditions Le Citron gare, 2015
  • Un cri dans le ciel, éditions La Porte, 2015
  • Je tu mon AlterÈgoïste, préface d'Alain Marc, 2016
  • Signaux d'existence suivi de La Petite Fille et la Pluie, éditions du Petit Véhicule, 2016
  • Le Poème en marche, suivi de Le Poème en résistance, éditions du Port d'Attache, 2016
  • Dans la course, hors circuit, éd. du Tarmac, 2017
  • Poème-Passeport pour l'Exil, co-écrit avec le photographe-poète Khaled Youssef, éd. Corps Puce, coll. « Parole en liberté », 2017
  • Réédition Dans la course, hors circuit, éd. Tarmac, 2018
  • ... dans la danse de Hurle-Lyre & de Hurlevent..., éd. Encres Vives, collection "Encres blanches" , n°718, 2018
  • L'Oiseau invisible du Temps, éd. Henry, coll. « La Main aux poètes », 2018
  • Alchimiste du soleil pulvérisé, Z4 Éditions, 2019
  • Fenêtre ouverte sur la poésie de Luc Vidal, éditions du Petit Véhicule, coll. « L'Or du Temps », 2019
  • Dans les landes de Hurle-Lyre, Z4 Éditions, 2019
  • L'écorce rouge suivi de Prière pour Notre-Dame de Paris & Hurlement, préface de Jacques Darras, Z4 Editions, coll. « Les 4 saisons », 2020
  • Voyage Grand-Tournesol, avec Khaled Youssef et la participation de Basia Miller, Z4 Éditions, Préface de Chiara de Luca, 2020
  • Werner Lambersy, Editions les Vanneaux ; 2020
  • Confinés dans le noir, Éditions du Port d'Attache, illustr. de couverture Jacques Cauda; 2021
  • Le soleil n'est pas terminé, Editions Douro, 2021 avec photographies de Laurent Boisselier. Préface de Jean-Louis Rambour. Notes sur la poésie de MCDem. de Jean-Yves Guigot. Illustr. de couverture Laurent Boisselier.
  • l'ange du mascaret, Editions Henry, Coll. Les Ecrits du Nord ; 2022. Prélude et Avant-Propos Laurent Boisselier.
  • La deuxième bouche, avec le psychanalyste-écrivain Philippe Bouret, Sinope Editions ; 2022. Préface de Sylvestre Clancier (Président de l'Académie Mallarmé).
  • L'appel de la louve, Editions du Cygne, Collection Le chant du cygne ; 2023.
  • Louve, y es-tu ? , Editions Douro, Coll. Poésies au Présent ; 2023.