Le cave du Vatican, Étienne Liebig
Le cave du Vatican, La Musardine, avril 2017, 208 pages, 16 €
Ecrivain(s): Étienne Liebig
Elle, c’est Lorna, une très jolie fliquette, qui a ses méthodes pour obtenir les renseignements nécessaires au bon déroulement d’une enquête. Lui, c’est Glossu, son collègue, qui a aussi ses méthodes, mais plus classiques, puisqu’il distribue des mandales sans hésiter. Lorna, elle, se donne corps et âme pour aboutir lors d’enquêtes difficiles, et de son corps elle use et abuse, même si cela doit « débaucher » un jeune prêtre qui est raide dingue de ce corps.
Mais n’anticipons pas. Un premier meurtre est commis au Vatican, sur la personne d’un malfrat, connu des services de police à Paris. Et Lorna le connaissait « personnellement ». Elle est donc chargée de l’enquête avec son collègue Glossu. Ils se rendent alors à Rome pour éclaircir ce meurtre. Les différentes personnes interrogées vont mener ce duo de choc dans des lieux que, normalement, la prêtrise et le clergé en général ne sont pas censés fréquenter. Ainsi voit-on certains prélats rendre visite régulièrement à des prostituées, ou encore certains s’adonner à des pratiques sado-maso qui feraient pâlir le pire des maquereaux.
La cité papale abrite donc une vie souterraine où le stupre le dispute à la luxure, comme en témoigne Glossu : « En gros, si tu veux, tous ces ratichons marida avec la Sainte Vierge ont des problèmes de bibelots. Z’aimeraient avoir le chibre qui pionce mais leur zob leur casse le falzard ! Alors tout un petit commerce de tarlouzes, de danseuses et de frangines s’est installé peinard, histoire de soulager le poireau de ces lustreurs de prie-Dieu. Mais y a plus kiffant encore, esgourde ça : y a carrément des sites où aller à la pêche aux bons coups ecclésiastiques ! »
Étienne Liebig n’hésite pas à forcer le trait pour mieux rendre compte de situations hors du commun. Le langage imagé et cru sert une intrigue qui n’a rien à envier à un « vrai » polar, le suspense est présent, et l’accent est mis sur des personnages que l’outrance ne rebute pas, tant pour le langage que pour les situations. Lorna n’a aucun problème pour coucher avec ceux qui détiennent des informations. Rien de plus classique direz-vous (on pense là à San Antonio), sauf que les amours qui font se rencontrer deux femmes sont aussi du domaine du possible. Quant aux scènes au cours desquelles notre héroïne « qui n’est pas regardante sur la couchaille » va ensorceler le jeune prêtre Bernard, elles sont tout simplement jouissives tant l’auteur semble se plaire aux trouvailles qui en font la drôlerie.
Le cave du Vatican est un petit concentré d’humour souvent allègrement grivois, de polar bien mené, qui ne peut refuser sa filiation avec Frédéric Dard. Un moment de jouissance donc avec ce pastiche.
Guy Donikian
- Vu : 3103