Le banquet de plafond, Jules Vipaldo
Le banquet de plafond, février 2018, 140 pages, 18 €
Ecrivain(s): Jules Vipaldo Edition: Tinbad
Quand les rats d’eau médusent
Il existe une araignée sur le plafond d’un tel livre. Mais pas seulement. Les rats rationnels y sourient et les souris dansent. Rats de villes comme ceux des champs de patates. Souris excitantes et excitées ne battent pas seulement la campagne. Ce sont parfois des belles de cas d’X si bien que les éléments factuels du réel sont exfoliés par un poète fort comme une armoire à glace et qui n’hésite pas à se mirer dedans.
Ayant beaucoup lu jusqu’à en devenir liseron, il crée son auto-épopée dégingandée jouant les forts en gueule pour épater des poupées. Et qu’importe si parfois elles sont empâtées. Avec de bonnes miches il y aura toujours du grain à moudre pour drôle de Jules qui ose tout mais auquel le Gaston Gallimard n’aurait sans doute pas offert de contrat de « marrage ».
Il est vrai que le mage – Breton d’occasion, Niçois d’opérette – est un père siffleur qui suit sa pente naturelle qui fait du livre une maison de l’être volontairement basse de plafond. Déchiffreur et « rat lyre », il reste un écrivain taupe-less qui n’est pas à une approximation près.
Jules Vipaldo aborde la poésie en la sabordant tel un capitaine ad hoc, un marin d’eau de vie. Il coule le lyrisme là où d’autres le recoulent. Pas de ukulélé et pas plus de loukoum : ce qui s’entend bien s’énonce ici loin des falbalas mais au besoin avec mouquères.
Minant ce qui sublime, le poète dote son texte des maux doux et de vers antalgiques. Ecœuré par le monde, au lieu de le vomir, ce Rousseau comique disloque en « furibabar » les logos admis. Au débat il préfère des bas qu’on ôte sur les cuisses légères. Quitte parfois à mordre la poussière plus que le galbe de fesses. Aux amis des tagada suint suint, ce livre est un délice. Mais aux amateurs de lys il est sans doute à proscrire.
Jean-Paul Gavard-Perret
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