La Styx Croisières Cie (I) Janvier 2021 (par Michel Host)
* Ère Vincent Lambert, An III
Humain, citoyen le plus vulnérable, la République française, la médecine, la banque et la magistrature réunies, t’ayant baptisé Légume, te tueront.
* Ère Samuel Paty. An II
Tu veux expliquer aux enfants la pensée et le dire libres. Alors « La religion » te saisira au cou et te décapitera sur un trottoir. Citoyen libre, sache à quoi t’attendre !
« Ils sont tous d’accord dans leur pitié glapissante et impatiente, dans la haine mortelle qu’ils vouent à la souffrance, dans leur incapacité de femmelettes à rester spectateurs de la souffrance, à faire souffrir. Ils sont d’accord pour plonger l’Europe dans un obscurantisme involontaire et douillet qui la menace d’un nouveau bouddhisme. Ils sont d’accord dans leur croyance à la morale de la pitié universelle, comme si elle était la morale en soi, la cime. Le sommet atteint par l’homme, l’unique espoir de l’avenir, la consolation du présent, la grande rémission de tous les péchés du passé. Ils sont d’accord, tous tant qu’ils sont, dans leur foi en la collectivité rédemptrice, et par là dans leur foi en le troupeau, en “eux-mêmes” »
(Friedrich Nietzsche, Au-delà du bien et du mal (Chapitre-V) Remarques sur l’histoire naturelle de la morale).
Lµ-1. Gl./ Si tu t’imaginais, lecteur fidèle, que j’allais t’ouvrir l’année avec quelque bluette parfumée, le cadeau d’un Père Noël transgenre, tu te trompais. Tu devras bientôt te confronter à Nietzsche, voire à Schopenhauer, et, qui sait, à pire encore. N’étant pas philosophe, je m’amuse à penser à ce qu’ils pensèrent. Le premier mourut embrassant la tête d’un cheval que martyrisait son cocher. Le second, je ne sais plus, qui connut quarante ans de mépris et d’oubli, puis neuf ou dix ans de reconnaissance générale. Pour moi, simple particulier, je prétendrais à partir de mon lit plutôt que de celui d’un hôpital. Ou d’un infarctus dans une campagne enneigée, comme Robert Walser. S’il était quelque part un paradis, je sais que, trop peu vertueux, on ne m’en ouvrirait pas la porte, et aussi qu’il n’est aucun paradis ni chez Yahvé, ni chez Dieu le Père, ni chez Allah, lequel pourtant m’offrait la jouissance de quarante vierges. Ce n’est vraiment pas de chance ! Qu’en penses-tu ?
µ-2. Restes, Reliefs et oublies…
§-1. Souvenir d’une photo de presse récemment republiée. C’était, je crois, vers 2019. Notre président Emmanuel Macron est reçu par (*) les éminences du CFCM (Conseil français du culte musulman). On est une quinzaine de vieillards assis autour d’une table, devant des verres remplis d’eau. C’est d’une tristesse ! Mais on sourit à l’unisson : notre président tel un enfant innocent, voire niais. Les éminences, franchement, quoique avec retenue. Elles savent que toute négociation tournera en leur faveur. Elles savent qu’elles maîtrisent la taqîya, le mensonge dissimulé qu’autorise « la religion », et qu’en outre elles usent de la casuistique avec plus d’habileté que le meilleur des jésuites ! Elles n’ont rien à redouter de la laïcité proclamée d’Emmanuel Macron. C’est une agréable cérémonie annuelle, une belle occasion de se distraire. Les éminences tiennent l’enfant dans leurs mains, petit lapin cerné par les chasseurs.
(*) Erreur. C’est le président qui reçoit, au palais de l’Élysée, pour fêter la fin du ramadan ! Selon moi, une manière d’allégeance.
µ-3. Faits et gestes
§-1. Les professeurs d’un collège (?) de province viennent de refuser que l’on donne le nom de Samuel Paty à leur établissement. On comprendra aisément leur crainte d’être décapités un à un, à la sortie des cours, ou de voir leur lieu d’enseignement exploser et partir en fumée. Cependant, c’est lâcheté que cette décision. Sans doute pouvaient-ils résister à la peur et exiger la protection armée que leur doivent la république et l’État. J’imagine que pour se mettre plus sûrement à l’abri et pouvoir enseigner en paix, ces professeurs demanderont sous peu au ministère de l’Éducation nationale que la rédaction des programmes scolaires d’Histoire, de Littérature, de Sciences et de Morale laïque soit confiée aux cinq grandes associations musulmanes établies en France, lesquelles ne tarderont pas à asseoir leur pouvoir sur ce pays. À moins que nous reviennent la conscience et le courage.
§-2. Je pense aux deux jeunes filles qui, il y a un an ou un peu plus, furent assassinées à coups de couteau par un Tunisien fraîchement débarqué dans notre pays. C’était en plein jour, à Marseille, autour de la gare Saint-Charles. On s’est empressé de déclarer l’assassin atteint de je ne sais quels troubles mentaux, irresponsable donc, non passible de jugement. « Irresponsable » ? On devrait seulement dire : « musulman ». C’est ma conviction et je me contrefiche de froisser le prophète. « Islamisme » ne vient-il pas d’« islam ». Les victimes étaient pleines de vie, prêtes à vivre leur pleine vie, avec des espoirs, des rires, des illusions, des amours. On ne parle plus d’elles. Reléguées dans l’oubli. Elles se sont trouvées sur le chemin d’un sinistre bigot doublé d’un crétin. Décidément, j’ai horreur qu’on assassine qui que ce soit, et plus encore les jeunes filles.
µ-4. Ils ont dit, écrit…
§-1. « Aime et fais ce que tu veux. Si tu te tais, tais-toi par Amour, si tu parles, parle par Amour, si tu corriges, corrige par Amour, si tu pardonnes, pardonne par Amour » (Saint Augustin, Sermons).
§-2. Covid-19 – « … l’exécutif a été condamné à perpétuité à être inaudible depuis que le mensonge sur les masques* a été instruit au tribunal de l’opinion » (Bertille Bayart, Le Fig. 6/I/2021) (*Rappelons que privée de masque, la république les déclara inutiles contre le virus, puis indispensables aussitôt qu’elle les eut reçus).
§-3. « Pour cette internationale de l’indifférence, calfeutrée dans les abris antiréalité qu’elle s’est construits, le peuple n’est plus un sujet. Le peuple est devenu un objet, dont on peut disposer arbitrairement, d’un trait de plume en bas d’un décret ».
« … l’immigration, ce phénomène constitue sans doute le bouleversement le plus profond que notre société ait connu depuis un demi-siècle et sur laquelle, pourtant, les Français n’ont jamais pu se prononcer » (Bruno Retailleau, le Fig. 10/I/2021).
Gl./ C’est cela la démocratie aujourd’hui. On ne consulte le peuple que sur dont on est assuré de la réponse. Une question : s’il parvient au pouvoir, M. Retailleau – il en aurait, dit-on, l’ambition − posera-t-il aux Français la question de l’immigration ?
Lµ-5. Monsieur… Monsieur (ou Madame)
§-1. Monsieur. – Reconnaissez que l’islamophobie relève du délit pur et simple !
– Monsieur. – Selon moi, l’islamophobie relève du simple « principe de précaution ». Ce n’est pas « haine », mais seulement « peur ».
§-2. Monsieur. – J’en ai plus qu’assez d’attendre la résurrection des morts ! Trop, c’est trop !
Monsieur. − Monsieur, je suis désolé d’avoir à vous dire que vous allez attendre encore longtemps ! Vous imaginez ? Faire le tri des ossements dans tous les cimetières, et, à Paris, dans les catacombes, les squelettes entassés des Saints-Innocents ! À qui est ce crâne ? Et ce fémur sans tibia ? Cette omoplate orpheline ? Remettre tout ça dans le bon ordre ! Mille bénédictins n’en viendraient pas à bout. Et, après ça, le Jugement Dernier ! Y avez-vous pensé ?
Lµ-6. Pensées et divagations
66. Dois-je aimer tous les hommes, comme m’en intiment l’ordre les tyrans de l’universelle bonté ? Certainement pas. Abstraction absurde et impossibilité.
67. Se voir au plus mal dans son époque, son temps et, dans le même élan, s’en croire coupable… Étrange, non ? Je suis comptable, certes, de diverses choses, mais si peu. Serait-ce parce que je n’ai jamais eu l’âme d’un militant d’aucune cause, les plus généreuses devenant les plus oppressives ?
68. Des hommes inutiles – Baudelaire les appréciait – il en est des millions à chaque époque. Suis-je un homme utile ? Ai-je envie d’en être un ? L’inutilité, pour être si répandue, doit néanmoins avoir un sens, et sans doute son utilité.
69. Il y a aussi ceux, très nombreux, qui ont perdu toute conscience de soi et du travail honnêtement fait… Mal payés… Envahis du dégoût d’être traités moins bien que des chiens, comme des objets ! Ce doit être ça la nausée de l’époque.
70. La fiction en littérature (roman, nouvelle…), c’est le réel vu avec d’autres lunettes. Quant à la littérature du réel, elle ressemble aujourd’hui à de la mauvaise fiction, soit à une fiction mal dissimulée.
Lµ-7. Boutades, badineries et gaudrioles
Aucune. Paris est trop triste. On y sort à peine de chez soi. On ne boutade plus, ni ne badine, ni ne badaude, ni ne gaudriole ! La moitié des parisiens se demande si elle va trépasser, l’autre est suffoquée à l’idée que les enfants de Pasteur, les inventeurs de l’automobile et de la trottinette des neiges, n’ont pas été capables d’inventer un vaccin contre un malfaiteur masqué venu de la Chine.
Ceci, cependant, qui remonte à la plus haute antiquité, comme eût dit Alexandre Vialatte : « Il (Dieu) dit ensuite : Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance… » (Genèse, 1, 26, trad. Lemaître de Sacy). Lisant ce bel aveu, je suis rempli de tristesse, pour Dieu notamment. − Des plaisirs frivoles de l’interprétation littérale !
Ou ceci, de Witold Gombrowicz, qui mentait effrontément : « Faire le plaisantin ? Oh non… Cela ne me sied guère ! N’attendez pas cela de moi ! Je ne suis pas là pour vous distraire avec des plaisanteries… Mais que feras-tu si la Plaisanterie te guette de partout, si tu es cerné par la Plaisanterie ? (W.G. Journal)
Lµ-8. Le poème
Annelyse Simao
Éros émerveillé, Anthologie de la poésie érotique française (Poésie, Gallimard, p.580, extrait)
tes mains ont glissé vers le haut de mes cuisses.
je t’ouvre, et nous offre à nous boire à notre envie.
abondante à pisser limon, tes deux pouces
en délire, enfile fente, enfonce le trou.
sous ton visage inverse, tapi dans mon antre,
secrète et multiple oraison de chairs.
accomplies tes eaux vives me barbouillent.
laboure en tous sens les sentiers de ma vulve.
à laisser couler dans l’oreille, ton liquide
empoigne cœur de mon corps, et me force d’un jet,
entre deux jambes levées, ton cri vole sur l’onde
du plaisir. Fasse que mes contours aussi loin
portent nos yeux, en écho ; tu me cours
délire de nos gorges nous délivre fourbus.
(Graphie, syntaxe et ponctuation d’Annelyse Simao)
Gl/ L’éros laboure (comme disaient Ovide et Virgile) le champ clos des chairs désirantes. C’est une affaire d’acceptation réciproque. Il y va de l’intensité des ondes du plaisir, de ses modes de satisfaction. Pas obligatoirement de l’amour, lequel ne gâte rien cependant. Il y va d’un profond respect, d’une tendresse souriante. D’un certain oubli de soi. D’un partage.
Lµ-9. Hic et Nunc
§-1. Notre exécutif nous exécute : pas de masques, puis des masques ! Confinez-vous, puis déconfinez-vous ! Reconfinez-vous, vous n’êtes pas sérieux ! Les vaccins ? Nous réfléchissons, nous prenons notre temps pour vous en procurer ! Les voici enfin, mais il n’y en aura pas pour tout le monde. Les Français deviendraient fous s’ils ne l’étaient déjà. Ce sont les vacances de M. Hulot, une masse de voyageurs courant d’un quai à l’autre sous les injonctions contradictoires d’un haut-parleur. On joue avec leurs nerfs, leur argent, et, en somme, avec leur Liberté.
De la liberté, il est souvent question aujourd’hui : Julia de Funès, philosophe, nous dit : « Sous des atours progressistes et vertueux, l’esprit démagogique du temps aux couleurs cocon camoufle pourtant une sauvagerie primitive, celle du vieux jeu sacrificiel que l’on entend gronder des profondeurs humaines les plus archaïques. Tout ce qui est réprimable doit l’être… […] Bouffon et sinistre, le politiquement correct est un terrorisme de la pensée nous menant droit au consensus mortifère et au cimetière de l’intelligence ». Vrai, des gens terrorisés par l’éventualité de leur mort, celle de leur corps, sont une pâte malléable, des misérables qui courent là où on leur ordonne de courir, jusqu’en enfer.
De son côté, le philosophe-romancier Gaspard Koenig nous décrit cet enfer. Il met à profit la circonstance pour nous définir la liberté. C’est « être soi » : pensée sèche comme un coup de fouet, qu’il nuance aussitôt avec Montaigne : « La vraie liberté est de pouvoir toute chose sur soi ».
Commentons. Je suis moi : Je voudrais rouler en Ferrari, je vole donc celle de mon riche voisin. J’ai des désirs impérieux : je viole la fille de mes voisins.
J’ai tout pouvoir sur ma personne : je me contente de rouler en Fiat 500. J’évite de regarder d’un œil lubrique la fille de mes voisins ; ou, courtois, je lui demande seulement si elle aurait quelque intérêt pour ma personne. Je la suis plutôt que de la précéder. Dans le premier cas je nuis à autrui, le volant crapuleusement, faisant violence à la jeune fille. Dans le second cas je ne nuis à personne : selon Montaigne, je n’exerce de pouvoir que sur moi-même (Citations, in Le Figaro, les 15/I et 14/I/2021).
§-2. Monsieur Jean Nouvel, architecte et poète bétonnant, nous fabrique un « Duo » de tours gigantesques aux confins du XIIIe arrondissement de Paris. La plus haute est « penchée ». Il en existe pourtant déjà une, à Pise, très belle, intrigante à souhait, mais l’Italie c’est bien loin. Il nous en fallait une autre, bien à nous, parisienne, proche et moche comme tout ce que l’on bâtit dans la capitale depuis l’an 1950. Celle-ci se penche sur le boulevard périphérique. Le parisien ne tremble pas, il fonce dans son véhicule (*), il n’a peur que de manquer son journal télévisé de 20h. La tour penchée parisienne intrigue à sa façon. Toute de verre, on y verra s’écraser des dizaines d’oiseaux chaque jour sans que nul n’y prête attention. Mais elle intrigue elle aussi par l’étrange superstructure qui s’édifie que sa structure principale. Elle a ici retrouvé la verticale. Elle est encore peu identifiable : sera-ce une serre pour y cultiver des choux de Bruxelles, des cerises rampantes du Gabon ? Sera-ce un poulailler où chanteront les coqs dès potron-minet afin de rappeler aux citadins l’existence du patrimoine naturel et sonore de nos campagnes ? Ou y enfermera-t-on un muezzin, un prêtre, un rabbin, un chaman, un moine, un dirigeant chinois, un chanoine, une bigote, un pasteur, témoins encore vivants et bientôt momifiés des superstitions de ce temps ?
(*) J’informe mon lecteur que je ne nomme véhicule que les hideuses machines contemporaines montées sur roues, munies d’un moteur trop puissant et d’une carrosserie trop fragile. Elles encombrent nos routes, après usurpation des noms d’automobile et de voiture.
Michel Host
- Vu: 1508