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La Révolution Sergio Leone, Gian Luca Farinelli, Christopher Frayling (par Marie du Crest)

Ecrit par Marie du Crest 07.12.18 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Revues, La Table Ronde

La Révolution Sergio Leone, Gian Luca Farinelli, Christopher Frayling, octobre 2018, 512 pages, 26,50 €

Edition: La Table Ronde

La Révolution Sergio Leone, Gian Luca Farinelli, Christopher Frayling (par Marie du Crest)


La publication de cet ouvrage-catalogue fait écho à l’exposition « Il était une fois Sergio Leone »  qui se tient à La Cinémathèque française à Paris du 10 octobre 2018 au 28 janvier 2019. C’est d’ailleurs Frédéric Bonnaud, actuel directeur général de la Cinémathèque qui assure l’avant-propos de l’ouvrage. Il s’agit aussi de célébrer le cinquantième anniversaire de la sortie de l’un des films les plus célèbres du réalisateur italien, Il était une fois dans l’Ouestdont les images sont restées gravées dans l’esprit des spectateurs ainsi que son incroyable bande originale (cf. l’homme à l’harmonica). Christopher Frayling est un critique de cinéma britannique, spécialiste des westerns de Leone ; quant à Gian Luca Farinelli, il a dirigé la cinémathèque de Bologne et produit un documentaire sur Antonioni.

Leur livre réunit, sous leur direction, à la fois toute une série d’articles qui sont autant d’approches de l’œuvre incomparable de Leone, mais aussi de divers entretiens avec Leone lui-même, avec son indissociable compositeur Ennio Morricone, avec ses acteurs emblématiques comme Clint Eastwood, Claudia Cardinale, Eli Wallach, Lee Van Cleef, ou avec des réalisateurs italiens ou américain (Scorsese). Il s’agit là de constituer une somme critique pour appréhender le parcours d’un cinéaste populaire et fondateur d’une esthétique cinématographique personnelle qui depuis a été reprise, détournée, prouvant par là-même sa puissance visuelle et sonore.

Sergio Leone est en quelque sorte un « homme-cinéma ». Il est né en 1929, année de l’émergence du cinéma parlant, dans une famille de cinéma. Son père, Roberto Roberti, marqua l’histoire du cinéma muet dans son pays. Leone a souvent dit que la vie et le cinéma étaient chez lui inséparables non seulement pour des raisons biographiques (son épouse l’a accompagné, assisté dans son travail) mais parce que le cinéma dit quelque chose, autrement de la vie et de la mort. Et d’ailleurs, son cinéma s’affirme au fil des années de plus en plus comme une quête de cette relation métaphysique, et ce jusque dans son mystère. Il est d’abord un réalisateur de péplum (Le Colosse de Rhodes, en 1961), lui le passionné d’histoire antique et archéologique, puis l’un des grands réalisateurs de westerns que l’on appellera « spaghetti » avec les deux autres Sergio. Des westerns dépouillés de la mythologie fondatrice américaine des Indiens pourchassés et anéantis par l’avancée des blancs sur leurs territoires de l’Ouest. Des films de gros plans sur des visages, de regards ironiques ou cruels de mauvais garçons cupides en sueur, des films tournés en Espagne, des films métamorphosant Clint Eastwood en homme au poncho mexicain et au cigarillo au bout des lèvres. Enfin, avec son dernier opus, Il était une fois en Amérique (présenté  à Cannes en 1984), Leone en quelque sorte filme la recherche du temps perdu, de l’enfance à la vieillesse à travers ses personnages de gangsters juifs new-yorkais, inspirés du livre The Hoods de Harry Cray. Il y est question de convoquer à nouveau le mythe américain non plus dans sa version « conquête de l’Ouest » mais dans sa version urbaine, plus politique, et mafieuse. La dernière figure leonienne sera celle de Noodles (Robert De Niro), personnage tragique, entraîné par le Destin que sa rencontre avec Max (James Woods) dans l’adolescence, a scellé. La dernière image du héros sera celle d’un visage perdu dans les volutes de l’opium, en train en quelque sorte de s’effacer déjà.

Le livre accorde en toute logique une place de choix aux images : photos personnelles, photos de plateaux, affiches de cinéma dans leurs diverses versions, premières de couverture de textes marquants, l’ensemble en couleurs ou en noir et blanc. Cette très riche documentation permet d’entrer ou de rentrer dans l’univers du cinéaste, en réunissant tout ce qui a nourri son œuvre : ses films japonais de référence par exemple : ses proches collaborateurs et ses acteurs. Le livre permet ainsi aux cinéphiles de retrouver, dans ses dernières pages, la filmographie complète de Sergio Leone en qualité d’acteur dans deux films par exemple de son père ou dans Le Voleur de bicyclette de Vittorio De Sica, puis en tant qu’assistant réalisateur notamment auprès de Carmine Gallone, en tant que scénariste et à partir de 1953 en tant que réalisateur avec son premier long métrage, Les derniers jours de Pompéi, et en 1964 le célèbre Pour une poignée de dollars.

Bref le livre nous donne envie de revoir les films de Sergio Leone.

 

Marie Du Crest

 

 


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A propos du rédacteur

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Rédactrice

Théâtre

Marie Du Crest  Agrégée de lettres modernes et diplômée  en Philosophie. A publié dans les revues Infusion et Dissonances des textes de poésie en prose. Un de ses récits a été retenu chez un éditeur belge. Chroniqueuse littéraire ( romans) pour le magazine culturel  Zibeline dans lé région sud. Aime lire, voir le Théâtre contemporain et en parler pour La Cause Littéraire.