La fraîcheur de vivre
Mannequin idéal des idées romantiques,
Te voilà devant moi, qui mourais de n’avoir…
Te voilà fin bibelot à vertugadin ;
« Viens à moi ! » : tu viens, comme jamais tu m’aimes (sic !),
Tu ravis à mes yeux le sibyllin grimoire.
Dans les tiens je vois flammes à me vivifier,
Qui crachées par ta bouche en gifles flétrissantes,
Déferlent garanties, et j’en suis créancier.
(Oui, parce qu’ici, monsieur, on paie lourde sa rente.)
Ah ! folâtre tu l’es pour sûr !
« Sois de marbre ! », te lances-tu.
Ah ! qu’elle est bonne ta présence :
Je tombe sur un fruit trop mûr :
Non, jamais de désespérance !
Toi qui t’envoles ainsi fétu –
Me réapparais à la rue.
Cette peur incarnée qui grossit dans ton ventre :
Bicéphale !
Crève-dalle !
Est-ce elle qui, du séisme toqué qui branle
Chaque instant de ta vie-s-à-moi, est l’épicentre ?
Tout comme l’acrimonieuse rime orpheline,
Qui trouve sa paire – mais à martyriser ;
Ou le vers qui ne tombe point juste et se rebine
Sans succès, qui haut exige qu’on s’en contriste ;
Ou le poète qui, schizo, ne sait plus où
Et quoi pondre, comment alléger son dégoût ;
Ferais-tu tout, ô toi, tout pour la voir briser ?
Vomis-la à ma face, et tords-t-en en soliste… :
Hors-champ
Off-shore
Déchirant ;
Petit’ mort.
Toi,
Pompe à sève,
Rabat-joui,
Fais la grève
Pour un oui.
Soit.
Tu les as vus les Autres, laissés à la rue ?
A qui pour toi tout est dû, moi tout est dru ;
Mannequin de la dalle, trop libre arlequin,
Inique et frugale, qu’est-ce que j’y ai cru…
Ah ! qu’est-ce que j’ai mal, Patience a des reins…
Autodafé miraculeux,
Qui te carbonises les yeux,
(Pour te mieux scruter le dedans en deux-deux ;)
« Fais un vœu ! » que tu m’dis, que pour l’y mettre au feu.
Cheval sur tes grands ch’vaux,
Qui rues, rues, rues ! Oh ! oh !
Quand on te pique ou t’éperonne
Quand tu nous as déjà piqué.
Petit Poney,
Qu’il est réussi ton déguisement,
Jusqu’aux nénés,
Qu’on dirait bien toucher le firmament,
Chemin tracer
Pour le galant.
Ils n’aiment qu’eux,
Au fond,
« Mouron ?
– Oh !… non… »
Et d’où ils viennent ;
Ils ne seront que deux
Toujours
Comèt’s arthuriennes,
Et sans queue –
Un jour.
Avril, douces embrassades du mois d’avril,
Voilà le deal : vaudrait mieux rester sur son île.
C’est marre : et l’on me dit « ne te rends trop utile » :
Trop tard : pour le froid : « ne découvre ton profil ».
Tu m’as refourgué la tuberculose
(À croire que vraiment je la voulais)
Dix fois, cent fois, je n’ai plus d’appétit ;
Mais tout de même, la voici ma dose,
À ce sujet : pas d’âme ou de poulet,
Des rogatons de toi, et tout petits,
(Mais très bons,
Tu vois ;
Un peu amers
Et chers)… –
Lorsque tu m’accordes quelque repas,
Je n’ai plus goût
Qu’à l’appât,
C’est tout,
Pas l’ass
Las !…
« Combien de temps faut-il, pour s’en apercevoir :
« Un grand tour d’Amérique, épluchant chaque terre ?
– Je vous dois concéder qu’il me fallut de l’air,
« Quelques chères reliques et mes cramés grimoires,
« Que le temps refera historiés palimpsestes,
« Pour qu’en mémoire et mots, ces faits me soient digestes.
« Mon Amérique dans les mires
« Sans ire et sans kir et sans fear : »
Que moi je dis
(Ça m’est prescrit…)
« Un mois-dix jours la parcourir ;
« Quatre de plus pour exulter ;
« Trois encor’ pour s’être gouré ;
« Cinq autres et c’est la mort,
« Ah ! oui, sans rire ;
« Deux et résurrection,
« Promesse de faire corps,
« Ça va sans dire,
« (Maquillant le Talion)
« Promesse d’être hauts et forts ;
« Trois jours :
« Plus cours.
– Tout de même !…
– J’en suis blême.
« Crasse !…
– Quel malheur, ô malheur…
– J’ai perdu la couleur…
« Hélas… »
Sylvain Gau-Gervais
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