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La Destruction du Parthénon, Christos Chryssopoulos

Ecrit par Marc Ossorguine 02.03.17 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Bassin méditerranéen, Babel (Actes Sud), Roman

La Destruction du Parthénon, Christos Chryssopoulos, trad. grec Anne-Laure Brisac (O βομβιστής τον Παρθενώνα, 2010), 96 pages, 5,80 €

Ecrivain(s): Christos Chryssopoulos Edition: Babel (Actes Sud)

La Destruction du Parthénon, Christos Chryssopoulos

 

Difficile d’imaginer une image qui colle plus à Athènes que celle de l’Acropole et du Parthénon. Même mangé par la pollution et l’urbanisme depuis des décennies, le monument reste l’emblème de la Grèce, ignorant du cours de l’histoire, il semble avoir figé une fois pour toutes la Grèce dans son antiquité en dépit des nationalismes, des guerres, de la dictature des colonels, comme des crises socio-économiques endémiques. On peut aisément concevoir qu’un tel monument puisse aussi être une charge et un poids qui pèse de toute son histoire sur les épaules des grecs, alors qu’il ne leur appartient plus vraiment. Rien de vraiment surprenant alors que lors de la période trouble de la deuxième guerre mondiale finissante, alors que vacille la dictature en place et que s’annonce une guerre civile, des voix se fassent entendre appelant à faire table rase du passé, et à commencer par mettre à bas le Parthénon. Cet appel fut lancé en 1944, par un certain Yorgos Makris, alors âgé d’une vingtaine d’années. Un appel entendu quelques décennies plus tard par Ch. K. qui décide de passer à l’acte.

En ce matin du XXIe siècle, les athéniens se réveillent en découvrant l’inimaginable accompli : le monument mondialement admiré, le bijou du tourisme grec, méthodiquement détruit. Miné comme un vieil immeuble insalubre, inutile et dangereux. Comment cela a-t-il pu se produire ? Comment réagir à un tel acte, à cette situation qui dépasse nos imaginations, nos cauchemars ou nos rêves ? L’auteur se livre alors à une enquête qui n’en est pas une. Plutôt collecte qu’enquête : témoignage d’un gardien, monologue hypothétique de l’auteur des faits, micro-trottoir brut auprès du voisinage, des amis, textes d’archives… autant de sources différentes qui s’inscrivent dans des formes différentes : récit, rapport de police, lettre ou monologue de théâtre.

Derrière cela il y a, nous le savons, un pays qui vit une crise profonde et dont l’intouchable richesse culturelle, historique et archéologique n’est plus d’aucun secours. Usé par le tourisme plus que par les siècles, rongé par les pollutions industrielles, les monuments de l’acropole font depuis des décennies la preuve de leur vulnérabilité. Une vulnérabilité aussi connue qu’ignorée, belle illustration des simulacres du spectacle qu’un autre penseur radical dénonçait dans les années soixante (Guy Debord et sa Société du spectacle). C’est dire qu’entre ironie, réalisme documentaire et mensonge littéraire, Christos Chryssopoulos nous invite aussi à penser et repenser les impasses dans lesquelles nous enfermons l’autre et nous enfermons nous-mêmes.

 

Marc Ossorguine

 


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A propos de l'écrivain

Christos Chryssopoulos

Romancier, essayiste et traducteur, né en 1968, Christos Chryssopoulos est l’auteur de douze ouvrages, le dernier en date étant La Destruction du Parthénon (éd. Kastaniotis, 2010). Il est en Grèce l’un des écrivains les plus prolifiques et les plus originaux de sa génération. Ses livres, traduits en cinq langues, ont été distingués par des prix en Europe et aux Etats-Unis. Lauréat du prix de l’Académie d’Athènes en 2008, il enseigne au Centre national du livre grec et publie régulièrement des articles de critique et de théorie littéraire. Membre du Parlement culturel européen (ECP), il a fondé et dirige le festival littéraire Dasein, qui réunit tous les ans à Athènes écrivains et artistes de la scène internationale (http://daseinfest.blogspot.com). Pour ses romans parus chez Actes Sud, Christos Chryssopoulos a été reçu notamment au festival des littératures européennes de Cognac, au festival Est-Ouest de Die et au festival Passa Porta de Bruxelles (source éditeur).

 

A propos du rédacteur

Marc Ossorguine

 

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Rédacteur

Domaines de prédilection : littérature espagnole (et hispanophone, notamment Argentine) et catalane, littératures d'Europe centrale (surtout tchèque et hongroise), Suisse, littératures caraïbéennes, littératures scandinaves et parfois extrême orient (Japon, Corée, Chine) - en général les littératures non-francophone (avec exception pour la Suisse)

Genres et/ou formes : roman, poésie, théâtre, nouvelles, noir et polar... et les inclassables!

Maisons d'édition plus particulièrement suivies : La Contre Allée, Quidam, Métailié, Agone, L'Age d'homme, Zulma, Viviane Hamy - dans l'ensemble, très curieux du travail des "petits" éditeurs

 

Né la même année que la Ve République, et impliqué depuis plus de vingt ans dans le travail social et la formation, j'écris assez régulièrement pour des revues professionnelles mais je n'ai jamais renié mes passions premières, la musique (classique et jazz surtout) et les livres et la langue, les langues. Les livres envahissent ma maison chaque jour un peu plus et le monde entier y est bienvenu, que ce soit sous la forme de romans, de poésies, de théâtre, d'essais, de BD… traduits ou en V.O., en français, en anglais, en espagnol ou en catalan… Mon plaisir depuis quelques temps, est de les partager au travers de blogs et de groupes de lecture.

Blog : filsdelectures.fr