L’usurpateur, Jørn Lier Horst (par Jean-Jacques Bretou)
L’usurpateur, Jørn Lier Horst, février 2020, trad. norvégien, Céline Roman-Monnier, 346 pages, 8,49 €
Edition: Folio (Gallimard)
À l’approche de noël, William Wisting, le commissaire de police de Larvik, et son équipe (Espen Mortensen (police scientifique), Nils Hammer, Torunn Borg, Benjamin Fjeld, Christine Thiis (substitut du procureur), se retrouvent à enquêter sur deux morts découverts dans la petite ville de Stavern au sud-est de la Norvège. Ces deux personnes sont décédées depuis quatre mois. L’une, Viggo Hansen, qui habitait à deux pas de la maison de Wisting est retrouvée momifiée, la peau desséchée, chez elle devant sa télévision allumée. L’autre en cours de décomposition, à moitié dévorée, gisait près du Lac Farris dans une sapinière où elle a été trouvée par des personnes venant couper un sapin pour noël.
Line, la fille de Wisting, journaliste, est très émue par le sort de la première personne, morte dans la solitude oubliée du voisinage, à quelques maisons de chez elle, et décide de faire une enquête à connotation sociologique sur les personnes seules, pour le quotidien VG (Verdens Gang).
Wisting, lui-même, s’occupe de l’homme de la sapinière. Mais il découvre que ce dernier avait sur lui une coupure de journal sur laquelle figuraient des empreintes digitales. Et, il s’avère qu’après analyses et recherches, on constate que celles-ci appartiennent à un sérial killer américain, le professeur Robert Godwin, recherché par le FBI depuis 1989 pour l’assassinat, le long des autoroutes de différents états, de jeunes auto-stoppeuses. Deux agents spéciaux débarquent alors des États-Unis pour apporter leur concours à l’enquête. Et, enfin, surprise, on constate qu’un ancien collègue de Godwin, Bob Crabb, venu en vacances du Minnesota en Norvège a disparu lui aussi.
Il va falloir tout le talent de Horst pour relier ces affaires entre elles et démontrer qu’il n’y en a qu’une seule et un usurpateur. Même si par moments cela est difficile, grâce aux chapitres courts l’auteur réussit à nous garder en éveil.
Une autre qualité de ce roman est d’avoir su rassembler deux histoires tout en passant de l’une à l’autre. Une à dimension humaine et sociologique qui nous amène à nous poser des questions sur nous-mêmes et notre manière de vivre à l’heure de l’information et du multimédia. Qui nous fait découvrir par ailleurs l’univers du Norvégien moyen, dont on apprend qu’un certain nombre ont migré, il y a trois ou quatre générations de cela, au Minnesota, et que pour noël ils savourent le pinekkjø fait de côtes d’agneau salées, séchées puis cuites à la vapeur. L’autre, plus policière, qui concerne la disparition, le changement d’identité et la résurrection dans un autre corps. On pense à l’affaire française Dupont de Ligonnès.
Enfin, pour terminer, on notera la proximité des enquêteurs suédois et norvégiens dans la manière qu’ils ont de chérir leur fille : Line Wisting et son père nous font penser à Linda Wallander et Kurt Wallander.
Jean-Jacques Bretou
Né en 1970, Jørn Lier Horst est un ancien officier de police. Les enquêtes de William Wisting, traduites en vingt-six langues, ont fait de lui un des auteurs les plus populaires de Scandinavie, avec plus de deux millions et demi de livres vendus, une adaptation en série TV et de nombreux prix à la clé (le Glass Key, le Martin Beck Award ou encore le Swedish Academy of Crime Writers Award).
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