L’instinct du tournesol, Patricia Castex Menier (par Murielle Compère-Demarcy)
L’instinct du tournesol, Patricia Castex Menier, Les Lieux-Dits éditions, 2020, 37 pages, 7 €
L’instinct du tournesol tourne dans le temps solaire, héliotrope auquel la poète s’identifie et donc qu’elle personnifie (« assouplirai / la tige de ma nuque, // et / boirai le ciel jusqu’aux racines »), elle aussi tournée spontanément vers la lumière, loin de « l’arrogance du monde ». Une allégorie de la patience et de la persistance s’écrit par le biais de la figure du grand-soleil, la poète refusant la résignation :
« Je
ne veux pas,
résolument,
de
cette pente toujours possible,
(…)
qui
nous entraîne vers les ténèbres.
J’aurai
l’instinct du tournesol ».
Les vers syncopés, l’emploi de verbes actifs, confèrent à ce Poème du tournesol un rythme vivace où se saisit « l’espace / d’un instant » dans le laps du vivant ouvert au monde extérieur, sur le qui-vive plutôt que dans la contemplation. Si le cœur de la poète/du tournesol est noir, sa « corolle de flammes fauves» le garde des ténèbres et, si les rouages du corps-tige/ âme-tête parfois se grippent, ils se hissent encore opiniâtrement vers la lumière nourricière. Résolument. Se redressant dans « l’obole de rosée » des larmes qui coulent sur le monde en ses moments de vulnérabilité, pour ne pas fléchir.
Cet opus, à l’allure qui nous hisse vers l’espoir et nous invite à « persister », « capte tranquille la clarté» des instants, filtrée par le sas du temps traversé, l’acquiescement, l’assentiment à la vie « douceur de rotonde ».
Ce recueil fait partie de la collection des Cahiers du Loup bleu publiés par Les Lieux-Dits, éditions strasbourgeoises dont la particularité est de présenter un dessin de loup en quatrième de couverture. Chaque dessin est réalisé presque à chaque fois par un artiste différent.
Murielle Compère-Demarcy
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