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L’Exception, Audur Ava Olafsdottir

Ecrit par Victoire NGuyen 02.07.14 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Pays nordiques, Roman, Zulma

L’Exception, traduit de l’islandais par Catherine Eyjolfsson, avril 2014, 338 p. 20 €

Ecrivain(s): Auður Ava Ólafsdóttir Edition: Zulma

L’Exception, Audur Ava Olafsdottir

 

Une femme dans la tourmente


Maria ne pensait pas que son mari Floki allait la quitter pour son amant du même nom. L’annonce de la séparation s’est faite le soir de la Saint-Sylvestre alors que dehors on célébrait la nouvelle année :

« Je devine au mouvement de ses lèvres que mon mari me parle, mais sans l’entendre ; le bruit des feux d’artifice qui dégringolent du ciel embrasé l’oblige à se répéter. Il me regarde bien en face, braquant vers moi la bouteille comme un fusil sur sa cible, puis il se détourne et fait sauter le bouchon en direction du sorbier ».

Et la vie continue. Maria se réveille le lendemain. Le rêve de bonheur s’est envolé ainsi que le mari qui dès la fin de l’annonce s’en est allé rejoindre l’autre Floki. Maria continue à faire bonne figure. Cependant, le sort s’acharne sur elle. Loin d’être remise de cette rupture, elle fait la connaissance de son père biologique et apprend aussi la double vie de sa mère. Au même moment, dans sa vie chamboulée, elle doit partir accueillir l’enfant adoptif qui l’attend à l’autre bout du monde…

L’intrigue est simple. Les chapitres sont brefs. Cependant, la trame narrative suit la même trajectoire que ses deux précédents romans : la simplicité. En effet, cette absence de complexité et d’action réelle, loin de nuire à l’ensemble du récit, se révèle être un allié de choix pour l’auteure car elle permet de mettre en lumière la souffrance rentrée du personnage féminin. Audur Ava Olafsdottir, en fine psychologue, extrait un à un les fils de la douleur. Par des termes simples, elle souligne l’obsession de Maria et son refus de tourner la page. La description minutieuse du processus du deuil est savamment orchestrée. Le lecteur voit se déconstruire tout autour de Maria. Son univers sécurisant et serein s’effondre tout doucement. Seule Perla, personnage « adjuvant » du récit, guide et oriente Maria sur la voie de la résilience et de la guérison :

« (…) Et elle gravit l’échelle, progresse dans son ascension. Non, elle prend d’abord l’enfant dans ses bras, tandis que, de là-haut, une main se tend vers elle, oui, ce serait plutôt comme ça ».

Perla est peut-être le double de l’auteur qui a confiance en son personnage. Elle ouvre l’horizon des possibles et laisse son personnage chrysalide devenu papillon avancer vers sa nouvelle destinée.

 

Victoire Nguyen

 

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A propos de l'écrivain

Auður Ava Ólafsdóttir

 

Auður Ava Ólafsdóttir est née en 1958, et vit à Reykjavík. Elle a fait des études d’histoire de l’art à Paris ; est actuellement maître-assistante d’histoire de l’art à l’Université d’Islande. Directrice du Musée de l’Université d’Islande, elle est très active dans la promotion de l’art. À ce titre, elle a donné de nombreuses conférences et organisé plusieurs expositions d’artistes. Elle est l’auteure, entre autres œuvres remarquées, de Rosa candida, roman qui a reçu deux prix littéraires en Islande, le Prix culturel DV de littérature 2008 et le Prix littéraire des femmes (Fjöruverðlaun). Ce roman a été traduit de l’islandais en anglais, danois et allemand.

 

A propos du rédacteur

Victoire NGuyen

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Un peu de moi…

Je suis née au Viêtnam en 1972 (le 08 Mars). Je suis arrivée en France en 1982.

Ma formation

J’ai obtenu un Doctorat es Lettres et Sciences Humaines en 2004. J’ai participé à des séminaires, colloques et conférences. J’ai déjà produit des articles et ai été de 1998 – 2002 responsable de recherche  en littérature vietnamienne dans mon université.

Mon parcours professionnel

Depuis 2001 : Je suis formatrice consultante en communication dans le secteur privé. Je suis aussi enseignante à l’IUT de Limoges. J’enseigne aussi à l’étranger.

J'ai une passion pour la littérature asiatique, celle de mon pays mais particulièrement celle du Japon d’avant guerre. Je suis très admirative du travail de Kawabata. J’ai eu l’occasion de le lire dans la traduction vietnamienne. Aujourd’hui je suis assez familière avec ses œuvres. J’ai déjà publié des chroniques sur une de ses œuvres Le maître ou le tournoi de go. J’ai aussi écrit une critique à l’endroit de sa correspondance (Correspondance 1945-1970) avec Mishima, auteur pour lequel j’ai aussi de la sympathie.