L’Espoir musicien, Alain Lévêque (par Didier Ayres)
L’Espoir musicien, Alain Lévêque, éditions La Coopérative, mai 2021, 80 pages, 12 €
Chercher
Chercher est le premier mot qui m’a traversé à la lecture de L’Espoir musicien. Et cela grâce à une implication poétique de l’auteur, qui signe ici son deuxième recueil de poésie, mais qui a publié des études, des essais, des livres traitant de l’art contemporain par exemple.
Univers ? Sans doute. Surtout, poète qui va à la découverte intérieure (du soi-même, si je puis dire) et qui, de cette manière, reste fluide, ouvert, mouvant, meuble. La découverte de soi en passe là par l’étude poétique d’un mouvement, d’une équation vectorielle. De là encore l’impression d’un allant, d’un amble du poème, flux capable de faire cohabiter le lecteur avec l’idée du seuil, du passage.
Et cet écoulement, cet exorde amoureux qui se poursuit en quelque sorte, sollicite autrui, l’autre, l’Autre peut-être. Toujours est-il qu’il y a une adresse à l’Aimée (fût-elle celle du Cantique). L’amour de l’autre étant devenu une mémoire des gestes, des humeurs, de la joie et de la tristesse. Il demeure une figure de lumière. Ce qui me rappelle nettement mon premier sentiment à l’égard des Yeux d’Elsa. On y reconnaît avec inquiétude presque, l’empreinte d’une sensation d’amour, et ce faisant, d’une quête.
Tu as traversé le silence, le désespoir,
la séparation. Tu as dit non à la peur, oui à la vérité.
Quel guide tu fais, Pamina, sur les chemins du cœur !
Approcher, questionner, vibrer à l’unisson de sa propre voix, seul le poète en est capable. D’allier aussi. De faire le rapprochement entre le visible et l’invisible, entre la vraie figure de l’amour et sa tendance universelle. Alain Lévêque semble tenir un petit bout du feu universel, et ici un léger dérangement, une faille. Le poète est faille par essence. Le poète est double par essence. Le poète donne d’avantage car il est habité. On vérifie très bien cela avec ce petit recueil.
Sereine et inquiète,
doublement mortelle, l’audacieuse
qui pressent tout ce qu’elle risque,
du fini la vierge enceinte que dévoilent
deux messagers au blason
d’herbe et de sang.
Ne manquent, ô majestueuse, ô charnelle
présence, sous le brocart, sous la fourrure,
avec l’enfant toujours à venir,
que le regard, que le souffle des bêtes.
Didier Ayres
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