L’enfant-mouche, Philippe Pollet-Villard (par Lionel Bedin)
L’enfant-mouche, août 2018, 480 pages, 8 €
Ecrivain(s): Philippe Pollet-Villard Edition: J'ai lu (Flammarion)
L’enfant-mouche est l’histoire de Marie, une petite fille livrée à elle-même, sans attaches (orpheline aux origines troubles) qui va devoir survivre dans un monde compliqué : le monde des adultes dans une campagne sinistre en temps de guerre.
Mais le premier personnage que l’on rencontre est Anne-Angèle, infirmière militaire dans un dispensaire à Casablanca. Elle a 60 ans, ne croit ni en Dieu, ni au Diable, qui dit que « être inquiète, réfléchir, ça ne sert à rien » et « seule la réalité compte ». Elle sera la tutrice de Marie tout au long de cette histoire. Marie, dont le lecteur fait la connaissance à Paris à l’été 1944, a 12 ans. Elle est renfermée, instable. Sa mère est-elle vraiment cette Faustina, stripteaseuse dans un cabaret louche ? Après divers événements, Anne-Angèle et Marie sont contraintes d’aller vivre dans un village de la Marne.
Dans un décor triste et sinistre, Marie tente de faire partie de la communauté, du village. Elle va à l’école, apprend à sourire « comme on fait de la gymnastique ». Elle aide Anne-Angèle à retaper la maison. Elles ont faim et froid. Marie n’a d’autres besoins que ce qui est vital : manger, dormir, savoir qui l’aime… Mais ce ne sont pas les préoccupations des habitants, hommes et femmes qui se débattent avec le climat, la solitude, les envies, les rivalités. Autant de sentiments qui sont exacerbés par l’occupation allemande et les choix : collaborer, ou résister, ou ne rien faire.
Dans ce tourbillon, dans ce monde chaotique, Marie est confrontée à la survie en milieu hostile… Qu’est-ce que « être honnête quand on a faim » ? Qu’est-ce que « sentir venir la chance » en temps de guerre ? La guerre est une affaire compliquée. L’écriture s’accélère en même temps que l’orage, la violence, les bombardements. Qui sont les bons, qui sont les méchants ? Où est le bien, où est le mal ?
Marie suivra-t-elle Hans qui lui promet de l’emmener « au pays des rêves » ? L’attentat contre le camp allemand réussira-t-il ? Qui suivra ses convictions, qui trahira ? Qui sera victime des règlements de compte ? Qui pourra fuir ? Comment Marie sortira-t-elle de cette épreuve ?
Dans une « note de l’auteur », Philippe Pollet Villard écrit : « cette histoire, proche de la fable, est inspirée de l’enfance de ma mère ». Sa mère, qui a lu ce roman, et qui lui a dit : « Si ça se trouve, ce que tu as écrit c’était la vérité ». Alors, fable, récit, ou roman ? Disons un roman prenant, entre souvenirs et fiction, parfaitement construit, écrit dans un style souvent très clair, parfois « en perte d’équilibre » et dans une veine tragi-comique dont l’auteur est coutumier.
Lionel Bedin
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