Identification

L'architecture et le langage

Ecrit par Matthieu Gosztola le 15.03.13 dans La Une CED, Les Chroniques

L'architecture et le langage

 

 

ces rêves en instance d’être des rêves

 

J’ai rencontré il y a peu un architecte très célèbre.

Que j’admire depuis de nombreuses années.

Dans sa cuisine.

Nous avons peu parlé.

Son café était excellent.

Il me donna quand même, en partant, la définition de l’architecture.

Il me dit : l’architecture, c’est cela.

Je pensais : l’architecture, ce rêve en instance d’être un rêve.

Mais il ne voulut rien savoir. L’architecture, c’était cela.

 

Voici les mots que j’entendrai dans mon rêve, lorsque je serai endormi, et que mon inconscient viendra se coller à cette rencontre, délaissant l’odeur du café pour se concentrer sur l’électricité du non-dit :

L’architecture a la même présence, en nous, que le langage. Les lieux, nous les habitons autant qu’ils nous habitent. Car ce sont eux qui nous donnent l’idée du dedans et l’idée du dehors. Ce sont eux qui nous permettent de sentir à quel point notre intérieur est un intérieur et à quel point l’extérieur ne pourra jamais vraiment être épousé par notre intérieur.

Le langage aussi, nous l’habitons autant qu’il nous habite. Les mots dansent en nous. Mais nos attitudes, notre vie même dansent dans le langage. Car c’est sa structure, sa richesse, ses manques… qui ont façonné notre intérieur. Qu’auraient été les lents moments par quoi nous nous sommes éveillés à nous-mêmes, à notre désir et à notre appréhension du monde, sans le langage ? Tout notre passé n’est autre qu’un petit tas de langage.

Et que serait notre imaginaire sans le langage ? Tout notre imaginaire est la matière invisible du langage.

 

Matthieu Gosztola


  • Vu: 3483

A propos du rédacteur

Matthieu Gosztola

Lire tous les textes et articles de Matthieu Gosztola

 

Rédacteur

Membre du comité de rédaction

 

Docteur en littérature française, Matthieu Gosztola a obtenu en 2007 le Prix des découvreurs. Une vingtaine d’ouvrages parus, parmi lesquels Débris de tuer, Rwanda, 1994 (Atelier de l’agneau), Recueil des caresses échangées entre Camille Claudel et Auguste Rodin (Éditions de l’Atlantique), Matière à respirer (Création et Recherche). Ces ouvrages sont des recueils de poèmes, des ensembles d’aphorismes, des proses, des essais. Par ailleurs, il a publié des articles et critiques dans les revues et sites Internet suivants : Acta fabula, CCP (Cahier Critique de Poésie), Europe, Histoires Littéraires, L’Étoile-Absinthe, La Cause littéraire, La Licorne, La Main millénaire, La Vie littéraire, Les Nouveaux Cahiers de la Comédie-Française, Poezibao, Recours au poème, remue.net, Terre à Ciel, Tutti magazine.

Pianiste de formation, photographe de l’infime, universitaire, spécialiste de la fin-de-siècle, il participe à des colloques internationaux et donne des lectures de poèmes en France et à l’étranger.

Site Internet : http://www.matthieugosztola.com