L'amour du vélo : 2 livres, par Jean Durry
Le goût du vélo, Textes choisis et présentés par Hélène Giraud, Mercure de France, juin 2017, 128 pages, 8 €
Dans la jolie lignée de la collection, ce Goût du vélo est une nouvelle réussite qui rassemble intelligemment sous son petit format des textes assez savoureux pour faire partager l’envie de telle ou telle activité.
Cette fois-ci, Hélène Giraud, qui les présente, les a choisis et regroupés selon quatre thèmes : le vélo pour « sentir et ressentir » ; « changer le monde » ; « rire » ; « se dépasser » c’est-à-dire la compétition. Les meilleurs auteurs français pour la majorité sont au rendez-vous, soit 29, de Maurice Leblanc, Pierre Giffard, Alphonse Allais, Emile Zola, Jarry, Jules Romains jusqu’à nos jours, Pierre Sansot décrochant seul la palme d’une double citation.
Merci – ou plutôt mercycle – beaucoup.
Zen ou l’art de pédaler, Claude Marthaler, Editions Olizane, mars 2017, 160 pages, 15 €
Dans ce bréviaire, cette reprise de textes mis à jour pour la plupart déjà connus mais épuisés, Claude Marthaler, pédaleur suisse (né à Genève) convaincu, exprime avec sérénité sa prosélytique « Vélosophie ». « Vagabondant avec ivresse sur [la] terre ronde depuis toujours », après un galop d’essai de trois années entre l’Europe – l’Himalaya – et retour, il partit vers le Japon et circulant de par la planète ne s’en revint que sept ans plus tard à l’orée du XXIe siècle. D’autres périples « entre selle et terre » ont suivi.
Aujourd’hui il exprime à nouveau et plus que jamais le suc, pour ne pas dire les leçons, de ce mouvement perpétuel et des réflexions que celui-ci ne cesse de générer. Faut-il « partir, pour découvrir pourquoi l’on part ? ». « Pédaler est une manière d’aborder le monde » et ceux qui l’habitent, car à l’encontre de l’hystérie, la croissante dictature, de la vitesse, voyager lentement, c’est rencontrer rapidement ». Au cœur des espaces, contre ou poussé par le vent, tendant vers les cimes au long des pentes interminables ou les dévalant, il s’est trouvé tel qu’en lui-même « infime, dérisoire et vivant ». Roulant bientôt vers la soixantaine, il sait désormais que « le vélo est aussi une expression concrète du temps, parce qu’on éprouve différemment son propre corps selon les âges », et que si « on ne cesse pas de pédaler quand on vieillit, […] on vieillit quand on cesse de pédaler ».
Jean Durry
- Vu: 2007