Juste après la pluie, Thomas Vinau
Juste après la pluie, 30 janvier 2014, 280 pages, 17 €
Ecrivain(s): Thomas Vinau Edition: Alma Editeur
Quelle belle manière d’ouvrir la nouvelle année par ce roman-poésie au titre éclairant, aux éclats romanesques, judicieux et joyeux même parfois dans son insaisissable tremblement. Roman-poésie qui s’appuie sur cette lumineuse phrase de Pavese tiré de son métier de vivre : « Mais la grande, la terrible vérité, c’est celle-ci : souffrir ne sert à rien », en effet ! Cette vérité terrible ouvre ceux qui ne s’en doutaient pas à de nouvelles aventures de la liberté libre, ce qui n’est jamais de tout repos.
Vinau attentif à ce qu’il voit, c’est l’œil qui écrit, choisir ses mots avec la même attention que porte Matisse à choisir ses pigments. A ce qu’il sent, la peau toujours aux aguets. A ce qu’il pense, les mouvements du corps sont aussi des sauts dans l’espace de la pensée vive qui jamais n’oublie d’en sourire. A ce qu’il entend, l’oreille qui chante ; vigilance de l’écrivain aux éclairs du Temps, au vent, au soleil, aux comètes, aux fleurs et aux fruits, au ventre doux de la terre, comme finalement chez Francis Ponge, son ancêtre en art du bref.
« Une petite vie
pleine et fraîche
comme une rivière
une petite rivière
pleine et fraîche
qui nous file
entre les doigts »
« L’été lorsque tout brûle
les guêpes viennent se rincer les ailes
au fond de tes yeux noirs »
« Jouer à ensevelir
sous le sable
les feuilles mortes
la peur »
Rien ne paraît plus simple, les phrases de Vinau font des bulles, elles glissent, se posent, s’envolent, esquissent un trait, un temps, un regard, un doute, un sourire, s’allongent, s’assoupissent, se lèvent et dansent. Juste après la pluie est une lettre aux voyants qui savent entendre, haute définition de l’art romanesque dans sa plus pure légèreté, belle manière d’embrasser la nouvelle année.
Philippe Chauché
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