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Jimi Hendrix, Mémoire d’outre-monde, Peter Neal, Alan Douglas

Ecrit par Guy Donikian 21.05.14 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Biographie, USA, Jean-Claude Lattès

Jimi Hendrix, Mémoire d’outre-monde, traduit par Claire Breton, novembre 2013, 22,90 €

Ecrivain(s): Peter Neal, Alan Douglas Edition: Jean-Claude Lattès

Jimi Hendrix, Mémoire d’outre-monde, Peter Neal, Alan Douglas

 

La notoriété, l’importance historique, l’empreinte indélébile d’un individu ne peuvent suffire à donner naissance à l’écriture d’un livre qui fera date. D’aucuns soupireront en disant qu’il n’y a là qu’un livre de plus sur ce musicien génial qu’était Jimi Hendrix, que tout a été dit et que ces parutions n’ont pour but que l’importance d’un tirage lucratif. C’est sans doute le cas pour nombre de ces ouvrages qui n’apprennent pas grand-chose et qui se contentent d’exploiter l’admiration sans faille que les lecteurs potentiels vouent au musicien. D’autres en revanche auront à cœur de se procurer tous les ouvrages parus, quelle que soit leur teneur, l’essentiel étant de les aligner, par déférence aveugle.

Mais ici l’affaire est tout autre. A l’origine, il y a parmi ceux qui ont côtoyé Hendrix, ceux qui l’ont vraiment connu, tant par et pour la musique et aussi humainement. Ce sont Alan Douglas, le producteur de Hendrix et Peter Neal, journaliste. Ceux-là projettent tout d’abord la création d’un film biographique, et vont donc compulser une documentation considérable dont les sources sont ce que Jimi Hendrix lui-même a écrit ou « griffonné » et les interviews qu’il a données, le tout augmenté des propos qu’il a pu tenir avec des musiciens comme Miles Davies, John Mac Laughlin…

Le film ne se fera pas. Mais la somme importante des documents va donner l’idée d’un livre que Hendrix lui-même aurait écrit. Ainsi va-t-on réorganiser tous ces «  petits bouts de papier », sans y apporter beaucoup de modifications, pour voir naître le livre que Hendrix a écrit. Parce que le musicien écrivait partout et tout le temps, sur des blocs-notes d’hotels, des paquets de cigarettes, des serviettes et autres bouts de papiers que ce livre est le sien. Les phrases de Hendrix, nous dit-on, n’ont été retouchées que rarement, dans les cas seulement où la compréhension rendait nécessaires certaines reformulations.

Il faut alors se laisser aller à lire les lettres que Jimi écrivait à son père, dans lesquelles il rappelle quelques épisodes importants. La sévérité du père, les fugues de Jimi, qui n’était que « le sale gosse bon à rien ». Et puis les larcins, les vols de voiture et en 1961, l’arrestation au vol      ant d’une voiture volée. Il échappe à la prison en s’engageant dans l’armée dont il écrit « j’ai tout de suite détesté l’armée ».Les lettres vont se succéder et après quelques sauts en parachute et une cheville cassée lors d’un saut, il quitte le milieu militaire.

La musique enfin, celle qu’il a apprise en écoutant ce qu’écoutait son père, Muddy Waters et d’autres. Il jouera dans différents groupes où il n’a pas sa place, mais qui sauront faire fructifier à leur avantage le passage de Jimi. La notoriété, en Angleterre, puis aux U.S.A. et partout en Europe va faire de lui et de L’Expérience une machine à concerts qui ne l’empêchera pas d’écrire. Il dira du son sur scène qu’il est plus qu’important, que «  des salles devraient être construites pour cette musique électronique ».Il donne aussi les clefs pour mieux comprendre son univers, pour mieux saisir la façon dont ses textes progressait pour être enfin des chansons. « Il n’y a que par mes chansons que j’arrive à m’expliquer en profondeur. La plupart comme Purple Haze ou The wind cries Mary étaient longues de dix pages au départ, seulement j’ai dû les raccourcir ». Ou, plus loin : « mes textes sont le fruit de mon imagination, enrobés d’une dose de science-fiction. J’adore écrire des scènes mythiques, comme l’histoire des guerres de Neptune ou la raison de l’existence des anneaus de Saturne.

Ce texte fourmille de propos qui rendent intelligibles une vie, une musique et son compositeur. Mais laissons lui la parole pour décrire ce qu’il pensait de la mort : « Je vais te dire, à ma mort, je vais faire un bœuf. Je veux que les gens se déchaînent et délirent. Et me connaissant je vais sûrement me faire pincer à mes propres funérailles. La musique sera forte et ce sera la nôtre. »

 

Guy Donikian


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A propos de l'écrivain

Peter Neal, Alan Douglas

 

Alan Douglas est producteur de disques, de livres et de films. Il a été l’ami de Hendrix. Peter Neal a réalisé le premier portrait fimé de Hendrix.

 

A propos du rédacteur

Guy Donikian

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