Je marche
(récit-poème marché/compté à voix haute)
Je marche dans la transparence
dans le vide de rien & de l’évanescence /
Dans le pas trotté des chevaux
où se débrident /
encore aphones /
les rênes de l’aube
Je marche dans la transparence
dans le vide de rien & de l’évanescence
Le débardeur rapiécé
de ma curiosité /
plaqué moite /
contre mon cœur rap…/ en pièces /
aux mains de personne
Écran érectile / tactile
entre ma peau / tannée /
malaxée
par les chants syncopés / de l’air
sans espaces /
vibraphone
Je marche
dans le plaqué / frappé
au rythme des orgues
d’un silence / brutal
marqué au désert sans feu
des terrains vagues / Je marche
Je marche
en regard
des cœurs
aux arbres rapaces
que mon corps
de plumes
ramasse / enrobe / élague
ra…llume
Je marche pour l’heure
d’avant-garde /
des ultimes urgences /
À l’aube des gestes de spleens / en résurgences
Rémanences du satin des mauves
où sous le feu des lianes / l’Orchis
Brûle /
Sauvage /
Remaquille mes paupières / de lune
Le fond de mes pupilles
du fard des brumes
& lèche /
mon regard
des langues / incendiaires
Je marche où l’Orchis sauvage
l’Orchis-des-Fées /
M’ouvre /
à ses doigts diaphanes
ses doigts de couleurs
de tendre rosée /
M’ouvre
à sa fraîcheur première /
sa première
inflorescence /
Touche /
Feu de tige
Vœu de racines /
la Terre tentatrice du Verbe /
Pistil amoureux du Cosmos
Étamines du don des matrices
Chair offerte d’Éros
Je marche sur la toile de l’impatience
Un carré d’étoiles
Une voûte de chairs
pliées /
sous les voiles
Le patron de bure / à couper
dans le pointillé du ciseau luisant
de ma marche /
Taillé à la taille fraîche des astres
/ au souffle coupé /
zénith d’incandescences
Je marche dans l’indifférence
fanée
Hier fiancée au cœur pourtant plein des hommes
Je marche
le débardeur de ma curiosité
plaqué moite /
contre mon corps
cogné aux angles de l’espace
espaces morts / contrées
polychromes
Dans les espaces sans géométrie
des oiseaux
Dans la géométrie sans espaces
d’Antonin Artaud
10 000 idées des choses
aléatoires à changer
10 000 idées aléatoires dans la permanence
des choses
Au plus serré des mailles
sous la boule solaire /
La flèche des oiseaux
bilboquet du ciel joué /
à corps ouvert /
dans mon hoche-cœur
Je marche sur ma route
mon cheminement d’os
& d’un crâne
en vanité / d’égarement
Je marche tibias battant
le ciseau tranchant de ma marche
depuis le mystère isocèle du haut de mes pas
heurtée par les métallophones
de la pluie /
À bâtons translucides
rompus / résonnant tambour
au diapason sourd
de mon être / rompant
Je marche
le débardeur de ma curiosité
plaqué moite contre mon corps
Écran érectile entre ma peau
qui prend tout
du sucre & des fables
des plaisirs de ta propre personne
& mes propres déceptions / aphones
qui le retirent
exténuées
sur le transat
– transi de mars /
Atone –
affaissé de l’espace
Je marche dans le pas des chevaux
où des haleurs les tirent
toujours plus loin / toujours plus haut
Des tombereaux d’étoiles
parsemés d’orge & d’orages
charriés dans le crin des ridelles /
Dans le flot des autans /
aux crinières d’argent /
aux crinières des gerbes dispersées dans le vent /
dans le blé des poèmes
– Les chants de Poésie / avant tout / en avant
MCDEM (Murielle Compère-DEMarcy)
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