Ijtihad et non pas jihad !
Souffles…
Au su et au vu des habitants de la planète, le monde arabo-musulman se noie dans le chaos chaotique. Le chaos religieux. Sur quelle fin ce chaos cauchemardesque qui nous dévaste se terminera-t-il un jour ? Quel demain le nôtre sera-t-il ?
L’histoire du conflit amer entre la religion et l’institution politique ou étatique nous apprend que : dès que la religion, n’importe quelle religion, se mêle à la politique, se mêle à la gestion du quotidien social, cette dernière perd son identité et sa morale. Pour se trouver sur un autre champ. Pour se trouver hors jeu ! L’histoire ensanglantée de l’Église nous dit beaucoup de choses sur les enfers terrestres. Elle nous raconte les blessures des années d’inquisition qui sont encore ouvertes. Les autorités de l’Église nommaient des censeurs de liberté censores librorum chargés d’une seule mission : que rien de contraire à la foi ne puisse être édité. Les artistes chrétiens, plutôt ceux qui vivaient dans la terre du christianisme, ont énormément souffert. Le poids de la religion fut un fardeau à l’encontre de la liberté individuelle et collective. Les livres ont été brûlés. Les écrivains incinérés, vivants. Les intellectuels ont payé cher leur liberté et celle de leur société. Ceci s’est passé en Europe chrétienne du moyen-âge.
Avec l’islam d’aujourd’hui : l’islam de Daesh, d’Annouçra, des Frères musulmans, des Ançar Acharia, d’al Qaida, de Boko Haram, de Chabab Somalie… l’histoire se répète. La souffrance humaine aussi. Les fekihs de cet islam extrémiste se comportent de la même façon que celle des religieux de l’Église du moyen-âge. Le même discours : menace, violence et sang. Le même esprit : condamnation de l’art, condamnation de la femme. Ces prêcheurs et prédicateurs agressifs et haineux qui occupent les maisons d’Allah ressemblent aux religieux des églises moyenâgeuses. Les religions se ressemblent par leur histoire. Les religieux se ressemblent par leur égoïsme et par leurs comportements. Le commerce religieux, lui aussi, est identique. Simulation. Et leurs fins, sans doute, se ressemblent.
Si l’Église moyenâgeuse distribuait aux croyants des actes de piété (Çokouk el ghofrane), les partis islamistes d’aujourd’hui font de même. Les fatwas distribuent aux croyants partisans des palaces au paradis. Fourberie ! Même les bulletins de vote sont des billets de transport pour le paradis d’Allah et dont les places sont réservées par les partis islamiques !
Mon Dieu, même si la religion n’est pas la même, combien cet hier religieux est similaire à celui d’aujourd’hui. Si les ténèbres du moyen-âge chrétien ont été balayées par les lumières de la renaissance, la science, les belles lettres et ainsi la société est couronnée par les idées de la révolution française, le monde arabo-musulman, lui aussi, est obligé, historiquement, de sortir de ce chaos cauchemardesque par la science, par la raison, par la culture et par la liberté. Par el Ijtihad (une lecture moderne des textes fondamentaux). Le chaos fécond.
Même si la peur demeure, l’islam politique est, de plus en plus, cible de la critique rationnelle. De plus en plus, en recul. De plus en plus rejeté par les bons croyants. L’islam a besoin d’une révolution intellectuelle. L’islam a besoin de l’Ijtihad. Il n’a pas besoin de el Jihad (guerre sainte). La plume doit remplacer le sable et le sabre. La raison doit remplacer la colère.
Amin Zaoui
In "Souffles". Quotidien "Liberté" Alger
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